Déserts médicaux : ce professeur de médecine qui "accuse" l'Ordre de n'avoir rien fait
"Alors que l’on s’interroge sur les responsabilités des ministres de la santé successifs, de droite et de gauche, depuis 1971, date de l’instauration du numerus clausus limitant drastiquement, chaque année, le nombre d’étudiants en médecine (donc celui des médecins en exercice dans le futur !), le rôle négatif de l’Ordre des médecins n’est jamais évoqué : il est, pour moi, essentiel", écrit le Pr Michel Debout au sujet des déserts médicaux dans une tribune intitulée "J’accuse l’Ordre des médecins", publiée ce jeudi dans Le Monde. "L’Ordre] avait le devoir impérieux, et depuis ces vingt dernières années au moins, d’alerter les pouvoirs publics et la population française de la situation catastrophique de la démographie médicale, et il n’a rien fait ! On n’a, en tout cas, pas entendu les présidents de l’Ordre national qui se sont succédé avertir solennellement le pays sur ce qui se passait", dénonce le professeur émérite de médecine légale et droit de la santé. Michel Debout note que l’institution dispose pourtant "d’une expertise unique pour analyser la démographie médicale française grâce aux données des tableaux de l’Ordre", telle qu’elle le stipule sur son site. "S’il est un organisme qui avait une connaissance précise, depuis des décennies, sur ce qui allait advenir en termes de démographie médicale, département par département, avec les données expertes sur les modes et le type d’exercice (influence de la féminisation de la profession), de l’âge de départ à la retraite, des spécialités en tension, c’est bien l’Ordre !" Mais ce dernier déplore le "silence assourdissant" de l’Ordre sur le sujet : "La dernière fois que l’on a entendu parler de cet organisme dans les médias non spécialisés, c’est en décembre 2019, à propos du rapport de la Cour des comptes qui relevait les graves anomalies de gestion, avec de possibles mises en cause de membres du conseil, et on attend toujours la décision du parquet à propos d’éventuels délits financiers."
Le praticien avait déjà refusé de payer sa cotisation et demandé la dissolution de l’Ordre en 1974 dénonçant la "lutte obstinée" de l’institution "contre le droit des femmes à recourir à l’IVG". Il réitère aujourd’hui sa proposition de supprimer cette institution, comme cela devait être fait "après l’élection de François Mitterrand, selon la 85e proposition du programme qu’il avait présenté aux Français, mais rien n’en a été" [avec Le Monde]
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