L’accès aux soins dans un contexte de désertification médicale est un "point de tension" a reconnu Nicolas Revel, le directeur de l’assurance maladie, devant l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), mercredi 22 janvier. Pour lutter contre ce phénomène inquiétant, Nicolas Revel mise sur le déploiement des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). "L’enjeu est une meilleure organisation territoriale des soins, en particulier de l’offre libérale en ville, pour réussir le virage ambulatoire, a-t-il rappelé. On peut reprocher au CPTS une organisation gazeuse, voire fumeuse… Mais ce n’est pas une nouvelle couche technocratique, les CPTS sont à la main des acteurs, qui fixent leur priorité, dans une dynamique de projet. L’objectif est d’améliorer l’organisation des soins et leurs conditions de travail. 450 territoires sont déjà engagés dans cette dynamique, une cinquantaine de projets ont été validés par les Agences régionales de santé. 5 CPTS sont effectives, mais plusieurs dizaines le seront dans les prochains mois". Le chemin parait cependant long pour que l’ensemble du territoire soit couvert par les CPTS, car un millier seraient nécessaires. Le développement des CPTS est pourtant un préalable pour répondre à la crise actuelle des urgences. Elle a partiellement débouché, à l’automne, sur le projet de développer un nouveau Service d’accès aux soins (SAS), en lieu et place du 15, censé répondre à la fois aux urgences et à la demande de soins non programmés. Mais seule une organisation territoriale des soins primaires par les CPTS permettrait de répondre à cette demande croissante de soins non programmés. Nicolas Revel affirme clairement "soutenir le SAS. C’est important, nécessaire, utile. Il faut trouver des régulateurs médicaux libéraux, les rémunérer. Les médecins libéraux doivent aussi dégager des créneaux pour les consultations non programmées". En revanche, il oppose un net refus à la revendication des syndicats de médecin d’une revalorisation : "pourquoi payer 15 euros de plus ces consultations, qui sont souvent simples ?" 302 contrats signés d'assistants médicaux Afin d’aider les médecins généralistes débordés en zone sous-dense, Nicolas Revel rappelle que l’assurance maladie les aide...
financièrement à employer des assistants médicaux : "302 contrats sont signés, 314 en cours de signature. Les retours sont excellents. Les assistants médicaux permettent de dégager du temps médical et d’augmenter le nombre des consultations. Les médecins disent aussi être moins fatigués. Notre cœur de cible est atteint : le médecin généraliste qui exerce en zone sous-dense. Et nous réfléchissons à augmenter le nombre de médecins en zone sous-dense qui peuvent employer un assistant médical à temps plein, car c’est souvent difficile pour eux de se regrouper". La télémédecine est une autre réponse à la désertification médicale : "les médecins spécialistes se concentrent de plus en plus dans les grandes villes, c’est un fait. La télémédecine permet d’éviter aux patients des déplacements". Nicolas Revel s’est déclaré "très optimiste" sur son développement. Les actes de téléconsultation sont remboursés par l’assurance maladie depuis le 15 septembre 2018 et les actes de téléexpertise depuis le 10 février 2019. Seulement, l’objectif initial de 500 000 actes de télémédecine remboursés en 2019 est loin d’être atteint. "Le démarrage a été timide, a expliqué le directeur. Les six premiers mois, nous n’avons remboursé que quelques milliers d’actes. Mais nous assistons à une accélération : en décembre, 30 000 téléconsultations ont été remboursés. Le dispositif s’est amélioré, grâce à l’accord trouvé avec les infirmières libérales, désormais rémunérées lorsque elles assistent un patient pendant la téléconsultation."
La télémédecine permet aussi le développement de plateformes commerciales, qui proposent des téléconsultations avec des généralistes comme avec des spécialistes. Nicolas Revel s’est montré critique avec ces formules, qui sortent la plupart du temps du parcours de soins. L’assurance maladie attaque en justice l’une d’elles, le site arretmaladie.fr, aux côtés de l’Ordre des médecins. Nicolas Revel a expliqué "construire l'action en justice sur un principe de tromperie. Car ce site semble dire: venez chez nous, vous aurez un arrêt de travail". Mais il reconnait que ces plateformes sont une réponse pour les 5,4 millions de patients sans médecin traitant : "c’est terrible de n’avoir le choix qu’entre un appel téléphonique et les urgences".
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