Médicaments essentiels : des prix jusqu'à 32% plus bas en France
Afin de mieux cerner les "déterminants économiques pouvant expliquer les ruptures" de médicaments essentiels en France, le Leem a commandé une étude comparative de prix, notamment par rapport aux pays européens voisins.
"La souveraineté sanitaire d’un pays ne peut être préservée sans la soutenabilité économique de ceux qui mettent au point et produisent les médicaments", soutiennent Les Entreprises du médicament (Leem), représentant le secteur pharmaceutique en France. Alors que les tensions et ruptures d'approvisionnement de médicaments augmentent d'année en année en France, touchant des classes aussi essentielles que les antibiotiques, le Leem a commandé une analyse comparative au cabinet Simon-Kucher & Partners pour mieux cerner "les déterminants économiques" de ces pénuries.
Les prix unitaires des 446 médicaments essentiels listés en juillet 2023 par le ministère de la Santé et des 124 médicaments identifiés comme "à relocaliser" en France par BpiFrance y sont passés au crible, et comparés d'une part, aux prix des médicaments non essentiels et d'autre part, aux tarifs pratiqués par les voisins européens.
L'analyse révèle que 36% des médicaments considérés comme essentiels* par le ministère de la Santé, "souvent des génériques ou des médicaments matures" relève le Leem, ont un prix unitaire inférieur à 0.25 euro (et parmi eux, un tiers sont en dessous de 10 centimes), contre 26% pour les médicaments non essentiels ; 56% sont à moins d'un euro, contre 41% pour les autres DCI. Des médicaments d'autant plus fragiles que 41% d'entre eux sont commercialisés uniquement par un laboratoire.
Les prix fixés en France ne soutiennent pas la comparaison avec ceux pratiqués chez les voisins européens que sont l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et le Royaume-Uni : les médicaments essentiels en France affichent en moyenne des prix étant de 14% à 32% plus bas. L'analyse souligne cependant que les remises additionnelles et confidentielles qui peuvent être octroyées dans les pays considérés "peuvent nuancer" ce "constat de différentiel de prix".
Président du Leem, Thierry Hulot considère néanmoins que "notre système économique, fiscal et réglementaire nuit à la compétitivité du pays et à son attractivité". "Il fragilise toute la chaîne d’approvisionnement des médicaments en menaçant la disponibilité sur notre territoire de produits essentiels à la santé des patients, qu’ils soient matures ou innovants", pointe le directeur général de Merck.
Le Leem pousse à nouveau ses propositions : "accélérer les hausses de prix pour les médicaments dont les conditions économiques ne permettent pas de sécuriser leur production ou leur mise à disposition", abaisser le montant de la clause de sauvegarde à moins de 500 millions d'euros, et octroyer aux dépenses de médicaments une croissance de financement au moins équivalente à celle des autres postes de l'Ondam. Le médicament, plaide le Leem, doit être considéré par la France "comme un investissement", et non plus "comme une dépense à couper pour le système de santé".
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