Pénuries, compétitivité, innovations… Le Leem publie sa nouvelle feuille de route

01/02/2024 Par Marielle Ammouche
Médicaments

"Nous avons une raison d’être qui est que le patient bénéficie de son traitement au moment où il en a besoin" a rappelé Thierry Hulot, président du Leem, en introduction de la cérémonie des vœux de cet organisme à la presse, le 30 janvier. Or le système de santé "peine aujourd’hui à répondre à sa mission", reconnait le Leem. Tous les échelons sont déficients, de la recherche à l’accès des patients au traitement, en passant par le développement clinique et la production. 

Pour répondre à ces difficultés, le Leem a présenté son nouveau plan stratégique, sous forme d’une feuille de route, qui repose sur 3 piliers : la souveraineté sanitaire (répondre aux problèmes des pénuries et favoriser le développement des innovations thérapeutiques sur notre territoire, …), la soutenabilité économique (construire un cadre économique et réglementaire adapté, …) et la responsabilité sociétale (favoriser les transitions industrielle, environnementale et numérique, …).

 

Des propositions pour lutter contre les pénuries 

L’enjeu le plus brulant est l’augmentation des pénuries et ruptures de stocks. "C’est notre contrat social. Nous faisons des propositions depuis de nombreuses années" assure Laurence Peyraut, Directrice générale du Leem. Dans sa feuille de route, le Leem fait plusieurs propositions pour tenter d’améliorer la situation. Il propose ainsi d'élargir le système d'information de gestion des stocks (TRACStocks) à d’autres acteurs de la chaîne pharmaceutique (les grossistes-répartiteurs, en particulier) pour prévenir au mieux les risques de ruptures. Il s’agit d’apporter une meilleure visibilité à ces tensions d'approvisionnement. 

Le Leem suggère aussi d’établir un "plan d’action sur le bon usage des médicaments" avec une attention particulière sur les personnes âgées polymédicamentées, sur la lutte contre l’antibiorésistance et sur la réalisation d’économies. Il se dit aussi prêt à investir dans des campagnes de prévention. Thierry Hulot a annoncé, par ailleurs, la renégociation de l’accord-cadre qui arrive à échéance en mars 2024 et qui devrait être prorogé d’un an. Et, pour préparer l’avenir, la publication en 2024 d’une analyse prospective des innovations thérapeutiques à venir ("Horizon Scanning"). 

 

Pour une nouvelle politique du médicament 

Globalement, le Leem réitère son inquiétude concernant la position du secteur pharmaceutique qui "a peu à peu perdu sa place d’industrie stratégique en France, fragilisant la souveraineté sanitaire de notre pays". Concernant la recherche fondamentale, tout d’abord, "il faut que la France fasse plus" estime Thierry Hulot. Elle n’investit que 2% de son PIB alors que l’Europe considère que 3% au moins seraient nécessaire. En recherche clinique aussi, la France a du retard. "Dans notre pays, il faut 160 jours pour mettre un place un essai clinique ; alors que dans d’autres, il serait déjà presque terminé à cette échéance". En outre, "la France ne participe plus qu’à 1 essai clinique sur 2 réalisés en Europe. On risque d’être déclassé" soutient le président du Leem. 

Dans ce domaine, la France ne se situe plus désormais qu’au 3ème rang européen, après l’Espagne et l’Allemagne. A noter cependant, que la France reste à la 2ème place en oncologie. Et concernant l’outil de production, "il a un énorme défi pour attirer les industriels dans les sites existant". En particulier "on produit en France environ 1 000 molécules pour les produits matures contre 5000 en Asie du Sud Est. Donc, on est dépendant". "J’appelle à un sursaut des pouvoirs publics" insiste Mr Hulot. Le Leem regrette, en particulier que la mission sur le financement et la régulation des produits de santé, placée sous la responsabilité de l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne, n’ait "pour le moment pas fait l’objet de suite concrète".

"Nous attendons du Gouvernement qu’il poursuive le travail engagé pour réformer notre politique du médicament, conformément aux ambitions du Président de la République. Il est grand temps que le New Deal, attendu par tous les acteurs du médicament, se concrétise. C’est dans cet esprit que le Leem se met en ordre de marche pour contribuer à ce chantier immense et nécessaire !", a annoncé Thierry Hulot.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

1 commentaire
5 débatteurs en ligne5 en ligne
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Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 9 mois
Ok Le leem a des idées Mais qui a laisse le générique tout balayé Qui a laissé disparaître notre indu pharmaceutique Qui a formate les colon de visiteurs medicaux pour arroser les médecins pour ...Lire plus
 
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