
Une première année de médecine dans tous les départements ? "Pas réaliste", jugent les doyens
Une première année de médecine dans tous les départements ? "Pas réaliste", jugent les doyens et les universités
La commission des Affaires sociales a adopté mercredi la proposition de loi Garot qui vise notamment à ouvrir "dans chaque département" une première année de médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique. "Une telle proposition ne peut en aucun cas être généralisée", préviennent dans un communiqué commun France université et les présidents des conférences des doyens.

Une première année de médecine dans tous les départements ? "Pas réaliste", jugent les doyens
Considérant que la "décision d'exercer dans une zone sous-dense peut être motivée par le lien que le médecin a développé avec ce territoire, soit parce qu'il y a grandi, soit parce qu'il y a été formé", les députés du groupe transpartisan contre les déserts médicaux souhaitent que chaque département propose une première année d'études de santé.
"Les unités de formation et de recherche en santé proposent dans chaque département des enseignements correspondant au moins à la première année du premier cycle des formations de médecine, de pharmacie, d’odontologie et de maïeutique, en particulier dans les zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou des difficultés dans l’accès aux soins", prévoit ainsi l'article 3 de la proposition de loi Garot, voté mercredi en commission des Affaires sociales et qui est inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée, ce mardi 1er avril.
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Mais pour les universitaires, cette proposition "n'est pas réaliste". Tous les départements ne disposent pas des "infrastructures universitaires suffisantes pour accueillir ce type de formation incluant possiblement des travaux dirigés pour un nombre élevé d'étudiants", préviennent France université et les présidents et présidentes des conférences des doyens concernés, dans un communiqué commun diffusé ce vendredi 28 mars. Ils n'ont pas, non plus, les "moyens humains" pour multiplier le nombre de sessions d'enseignements sur des sites délocalisés. Et si pour les députés "cette formation peut être dispensée en distanciel", pour les universitaires "l'usage massif" de cette modalité "risque de dégrader la qualité de la formation".
Universités et doyens soulèvent encore des craintes quant au risque de "rupture d'égalité" entre étudiants et sur les difficultés à organiser le tutorat des étudiants de première année.
En résumé, jugent-ils, si une première année de santé "peut être proposée dans certains départements disposant de bâtiments universitaires ou de bâtiments déjà dédiés à des activités d’enseignement", elle "ne peut en aucun cas être généralisée à l’ensemble des départements français". Ce "choix" doit être "encouragé", "mais laissé aux acteurs des subdivisions académiques dans le cadre de l'autonomie des universités".
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