La Fédération des médecins de France (FMF) est revenue aujourd'hui sur la loi de santé et les négociations en cours sur les CPTS et les assistants médicaux. L'occasion pour son président Jean-Paul Hamon d'adresser quelques piques bien senties à l'adresse des autres acteurs de la santé, des pharmaciens aux IPA en passant par les sociétés Doctolib et Qare. Sans oublier les pouvoirs publics.
Alors que la loi de santé vient d'être votée par l'assemblée et que les négociations conventionnelles battent leur plein, les syndicats libéraux prennent la parole un à un pour relayer leurs positions. Aujourd'hui, c'est au tour de la FMF, deuxième syndicat chez les généralistes et troisième chez les spécialistes médicaux, de distribuer les bons et mauvais points. Surtout les mauvais. Bête noire du syndicat : la télémédecine, mise en place l'été dernier par l'avenant 6 à la convention. "Doctolib pour moi c’est l’ennemi numéro un : il va détruire le parcours de soins", attaque son président Jean-Paul Hamon, qui s'inquiète de l'utilisation des données de santé par la plateforme et de sa volonté de développer la téléconsultation. Idem pour la société de téléconsultation médicale Qare, récemment épinglée par l'Ordre pour avoir démarché des entreprises. Au chapitre de la loi de santé, Jean-Paul Hamon estime que le gouvernement "ne veut pas se donner les moyens d'enrayer la chute démographique" et que l'assemblée "n'a jamais été aussi hostile aux médecins libéraux". Il cite pêle-mêle les amendements (rejetées) contre la liberté d'installation et l'extension de la délivrance des pharmaciens, votée en plénière. "Je n'ai pas envie que les pharmaciens fassent de la médecine et de toute façon, ce n'est pas la solution aux déserts médicaux." Sans compter que les officines sont en train de se munir de télécabines…
Pas de CPTS mais des groupes qualité
La délégation de tâche non plus n'a pas la faveur du syndicaliste, qui voit dans les infirmiers de pratique avancée (IPA) une "menace sur l'exercice". "Pour pouvoir suivre les maladies chroniques, elles vont pouvoir prescrire, adresser au spécialiste sans passer par le médecin traitant", s'étrangle-t-il. "La confiance d'un patient, vous l'acquérez quand vous voyez les gens plusieurs fois", oppose le généraliste de Clamart, qui revendique par ailleurs de travailler en bonne intelligence avec "[s]es infirmières". Au plan de l'organisation de la médecine de ville, le syndicat plaide pour des CPTS resserrées sur deux missions : organiser l'accès au médecin traitant et assurer les soins non programmés. "Nous demandons à ce que les objectifs de santé publique soient transférés à des groupes qualité", précise Jean-Paul Hamon. À l'essai dans plusieurs régions (Bretagne, Pays de Loire, Normandie…), ce groupes d'échange de pratique entre médecins libéraux ne nécessitent que "quatre réunions par an", avec une indemnisation et "un intéressement aux économies réalisées." La prochaine séance de négociation aura lieu jeudi 4 avril, avec une clôture des discussions prévue deux semaines plus tard. Si la signature de la FMF paraît mal engagée sur les CPTS, le dossier des assistants médicaux semble évoluer d'une façon plus conforme à ses exigences. Il faut dire que l'assurance maladie vient d'accepter le principe d'un assistant médical dédié aux seules tâches administratives – plus conforme au modèle de la "secrétaire médicale" prôné par le syndicat. En jeu, désormais : les conditions d'éligibilité au dispositif.
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