Soins non-programmés transmis par le 15 : les médecins de la CPTS Pays de Bourges disent stop

05/05/2023 Par Karen Ramsay
Depuis le 2 mai, les médecins généralistes ne prennent plus en charge les soins non programmés communiqués par le 15. Une décision "unanime" assure Delphine Rubé, membre de la CPTS, car "sous prétexte qu’on n’est pas organisé en SAS", ils ne touchent plus le forfait structure de 1 400 euros.

  Ils ont mis leur "menace" à exécution : depuis hier, 2 mai, les médecins généralistes de la CPTS Pays de Bourges ne prennent plus en prendre en charge les soins non programmés transmis par le 15. En cause : le forfait structure de 1 400 euros qu’ils ne touchent plus "sous prétexte" qu’ils ne sont pas organisés en SAS, lance Delphine Rubé, médecin généraliste, membre de la CPTS : "Nous n’étions pas un département pilote, donc on n’y est pour rien, nous, que le SAS ne soit pas encore en place… Donc comme on n’est pas organisé en SAS, ils nous ont sucré cette partie du forfait structure que touchait chaque médecin volontaire adhérent au dispositif de soins non programmés… et qui est en fait, chez nous, l’équivalent du SAS !" Mi-avril dernier, Walter Lanotte, médecin généraliste et président de la CPTS Pays de Bourges, avait interpellé en ce sens leurs référents départementaux de l’ARS Centre-Val-de-Loire et de la CPAM, "sans aucune étiquette syndicale ou politique", insiste Delphine Rubé, "mais pour porter la parole de médecins de terrain qui n’en peuvent plus". "Mais je pense qu’ils ne nous ont pas pris au sérieux", regrette-t-elle. Ainsi, en l’absence de réponse "du national" et vu la suppression de cette partie du forfait structure dans leur espace pro, les médecins généralistes ont "unanimement" décidé de ne plus mettre à disposition des créneaux pour le 15… bien qu’ils continuent, insiste la nouvelle présidente de la FMPS Centre-Val-de-Loire, d’assurer les soins non programmés dans leurs cabinets pour leurs patients. "Il n’y a simplement plus d’organisation territoriale. " Dans un communiqué que Concours pluripro a pu consulter, la CPTS Pays de Bourges, par la voix de son président, rappelle que "10 créneaux par jour" étaient mis à disposition du 15. "Nul n’ignore les difficultés de notre territoire en termes de démographie des professionnels de santé. Cette initiative qui réclame aux médecins déjà surchargés, du temps de travail supplémentaire, est donc d’autant plus méritante", estime Walter Lanotte, qui ajoute que "la Caisse nationale d’Assurance maladie, loin de reconnaître cet effort et tout en leur demandant plus d’engagement face aux difficultés grandissantes d’accès aux soins, particulièrement critiques pour les plus fragiles des patients, a décidé de sanctionner financièrement les médecins engagés dans cette mission en modifiant sans préavis les conditions". Ainsi, "l’absence de reconnaissance et de gratification des efforts consentis conduit à l’exaspération et à la démobilisation des professionnels de santé". Un timing loin d’être favorable d’ailleurs : "C’est arrivé en même temps que le règlement arbitral et je crois que ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase", confie la médecin installée depuis une dizaine d’années. Pour Les Généralistes-CSMF, qui relaie cette prise de position des médecins de la CPTS Pays de Bourges, le gouvernement doit "respecter les territoires comme ils le disent à longueur d'interview". Un respect qui passe, pour Delphine Rubé, par une revalorisation financière et surtout l’écoute des professionnels sur le terrain, ceux-là même qui "ont les mains dans la merde depuis des années !" Et la médecin va plus loin : "Il faut une forme d’équité. On exerce dans des territoires presque sinistrés. Dans le Cher par exemple, j’ai vu la situation se dégrader depuis ces deux dernières années de manière dramatique : on n’a plus accès aux paramédicaux, au second recours et les délais de rendez-vous pour des examens complémentaires monstrueux... Tout cela n’est plus acceptable ! Et le gouvernement doit entendre que ça va mal, très mal !" "Notre système de santé, en particulier son secteur libéral à l’origine de progrès majeurs pour l’espérance de vie et la qualité des soins, ne mérite pas d’être ainsi constamment bafoué, regrette la CPTS, qui reconnaît qu'avec la fin du dispositif de soins non programmés, "il est peu probable [qu'ils puissent] connaître une amélioration de la situation de l’offre sanitaire, quelles que soient les affirmations de certains de nos gouvernants".

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