Bizutage, parties de cache-cache dans les musées, nuits blanches ou doublants insupportables... Qu'ils aient passé du bon temps ou aient vécu des mois de souffrance, ce saut dans le grand bain est un souvenir fort pour de nombreux médecins. A l'occasion de la sortie du film Première année, de Thomas Lilti, ils nous racontent leurs premiers souvenirs de carabins.
Par Marine Lorphelin, Miss France 2013 et future interne en médecine générale "Ce n'est pas une année évidente… mais j'en garde plutôt un bon souvenir puisque j'ai eu la chance de la réussir du premier coup. Je n'ai pas eu ce stress de devoir redoubler. Ça atténue les mauvais côtés. J'avais mis en place une petite routine. Je travaillais toute la semaine et je sortais tous les samedis soirs voir mes amis de lycée ; je m'accordais ces quelques moments de décompression. Donc je n'ai pas eu l'impression de m'enfermer dans les livres… Je pense que c'est comme ça qu'il faut gérer. Je crois que j'étais une étudiante un peu chiante [rires]... J'étais dans une prépa où il y avait du bruit, les doublants essayaient de nous déstabiliser, nous les primants, les petits jeunes, et de pourrir nos révisions. Ça, je l'ai assez mal vécu, je ne comprenais pas qu'ils soient aussi injustes. Donc j'étais un peu "relou" : j'étais celle qui s'enfermait dans les salles, qui demandait à tout le monde de se taire… Mais le pire sur sur la première année, c'est qu'on nous dit que c'est l'année la plus difficile alors que ce n'est pas vrai ! Je m'étais préparée à ce marathon d'un an et je ne l'ai pas si mal vécu… mais se rendre compte que les années d'après sont aussi difficiles… j'aurais préféré le savoir avant. Bon courage à tous ceux qui se lancent !"
Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins et médecin généraliste à Villemomble (Seine-Saint-Denis) "J'ai passé ma première année à la faculté de médecine d'Angers en 1974. J'y ai commencé mes études pour les terminer à Saint Antoine. J'ai d'abord raté ma première année avant de l'avoir la seconde fois. Je garde le souvenir d'une année de très grande solitude et de très grande compétition. Il était très difficile de vivre une année universitaire au sens classique du terme, comme on pouvait se l'imaginer après le bac. L'année a été compliqué. Je garde en mémoire un autre mauvais souvenir qui est celui du bizutage. Angers était une faculté qui le pratiquait. C'était une cérémonie très traumatisante qui est restée pour moi une très mauvaise expérience. Il y avait tout ce que l'on peut imaginer dans un bizutage : attacher un homme et une femme dans une position dégradante, recevoir des immondices sur la tête en chantant des chansons paillardes… Tout cela n'avait pas pour caractère de se sentir intégré dans le dispositif des études médicales. L'esprit de compétition était très fort. J'ai un souvenir de solitude dans ma chambre d'étudiant à travailler jusqu'à minuit voire deux heures du matin. Après l'avoir raté, je n'ai pas hésité à refaire une première année. Je voulais vraiment devenir médecin. Mais j'appréhendais de recommencer. Ce que je n'avais pas anticipé c'est que les redoublants que nous étions, allions nous retrouver et former des groupes de travail. A cette époque-là, il fallait être redoublant pour former des groupes de travail. Cela m'a aidé. J'ai été moins seul. Mes souvenirs positifs sont d'avoir rencontré, malgré tout, des profs qui ont su, dans un contexte compliqué, nous amener un certain nombre de données qui ont fait qu'un grand nombre d'entre nous ont pu avoir le concours et ne se sont pas désinvestis en cours d'année. Les profs voulaient vraiment faire de nous des médecins."
Baptiste Beaulieu, médecin généraliste, écrivain, blogueur et chroniqueur sur France Inter "C'est très étrange. A posteriori on a tendance à garder le meilleur. Je ne me souviens que des moments où on s'amusait et on riait comme des bossus ! Il y avait aussi des moments de catharsis, où on bossait toute la journée. Le tout premier jour de ma première année a été un très gros stress. Tout était fait pour nous stresser, le bruit, les boulettes de papier…C'est une sorte de guerre psychologique qui se joue pour pousser les étudiants à abandonner la partie. C'est le côté pervers du système de la première année. Je me souviens de parties de cache-cache dans le musée d'anatomie de l'université, le soir, alors que tout était fermé. Le musée était très effrayant, il y avait des ombres partout. Nous avions de gros moments de pétage de câble. J'ai l'image de moi, montant sur le toit de ma voiture avec mes potes qui essayaient de me fouetter avec des branches. Parfois on se demande comment on en est arrivé là. Mais en fait c'était une sorte de crise parce qu'on n'en pouvait plus. Je n'ai pas eu ma première année du premier coup. Avec le recul, je me suis peut-être un peu plus amusé la première fois parce que j'avais le joker de la seconde première année. La deuxième fois, je me suis aussi amusé mais j'ai assuré mes arrières. Je n'ai pas eu de sentiment de solitude. Je me suis trouvé deux potes, Nicolas et Olivier, avec lesquels j'ai passé toutes mes études. Cette période a été l'un des meilleurs moments de ma vie. Ils étaient extraordinaires. Mes deux premières années ont été deux années très dures. Mais pourtant, avec le recul, si on me proposait de les refaire avec les mêmes potes, je dirais oui. Pour Olivier et Nicolas, je resigne tout de suite. C'est le genre d'amitié... Comme si on avait fait la guerre ! J'ai vraiment des souvenirs géniaux. C'est cette belle amitié que je retiens de ma première année. Le pire pendant ces deux premières années… Les salades Saupiquet en boîtes de conserves ! Je prenais toujours la mexicaine parce que c'était la moins dégueulasse. C'était mon repas de midi avec un carré de chocolat. Cela doit faire 15 ou 16 ans que je n'ai pas retouché à une salade Saupiquet. Je ne pourrais plus jamais."
Par le Pr Guy Vallancien, chirurgien-urologue, membre de l'Académie nationale de médecine "Moi je n'ai pas été traumatisé par mes études de médecine. On s'amusait bien ! C'était en 1963. On venait de passer le bac et on arrivait en fac en étant libre. On allait dans les troquets boire des pots, on séchait les cours, on fumait dans les amphis… C'était une atmosphère complètement différente. Bon, c'est vrai que moi j'ai redoublé ma première année… J'étais un mauvais élève. Venant de philo, j'étais très mauvais en maths et en physique. Mais j'ai un très bon souvenir quand même : on n'était pas dans l'ambiance de la Paces et de ce concours absurde. Les amphis étaient relativement pleins mais c'était détendu, on n'avait pas du tout cette pression-là, ou peut-être qu'on ne la sentait pas. Il n'y avait pas les QCM, ces trucs complètement débiles. On s'est mis à bosser avec le concours d'externat et le concours d'internat. Là on se mettait sous colle à trois ou quatre et on travaillait jour et nuit sans sortir. Parce qu'il y en a qui ne passaient pas le concours, ce n'était pas simplement un classement comme aujourd'hui ! Je me souviens des dissections… C'était impressionnant d'arriver dans le pavillon. Le prosecteur, personnage important, avait une petite veste bleue assez cintrée; il officiait du haut de l'estrade en faïence. C'était un cérémonial incroyable : on disséquait un bras, une jambe, on s'envoyait des petits bouts de bidoche… Le plus marquant pour moi, c'était cette approche froide de la mort."
Par Dr Olivier Véran, neurologue au CHU de Grenoble, et député LREM "Pour moi, la première année est une capsule spatio-temporelle. C'est comme si la vie que j'avais connue -et la vie que j'allais connaître- était dans une sorte de suspension. J'ai un peu connu ça pour le concours de l'internat plus tard. Tout d'un coup, il n'y a plus qu'un seul centre d'intérêt, tout tourne autour d'un concours. A l'époque, le numerus clausus était à 3500. J'ai fait deux premières années, comme beaucoup. Je n'ai pas loupé de beaucoup la première année, mais je voulais vraiment faire médecine. En première P1, c'était du 7h-23h30. Je m'endormais régulièrement sur mes cours de chimi-orga. J'essayais d'être présent dans l'amphithéâtre très tôt le matin pour réserver des places. Je me souviens du bazar que mettaient les doublants dans les amphis... Ça avait un côté un peu impressionnant et fascinant ; je me disais "si je réussis le concours, c'est un univers étonnant que je vais intégrer". J'ai toujours été attaché à l'univers carabin, à cet exutoire collectif assez marrant. Je me souviens qu'au Nouvel an de ma première P1, mes frères et sœurs m'avaient forcé à décrocher de mes cahiers à 22 heures. Un soir d'anniversaire, pas très loin des concours, j'avais préféré bosser que boire du champ'. Et je me souviens d'un soir de Noël assez triste… Je me disais que si je laissais filer une opportunité de travailler une soirée de plus, peut-être que j'allais perdre des chances. On est dans un état de transe permanente. Je me suis découvert une capacité à ne pas faire autre chose que bosser. Tout en étant assez perdu : on quitte l'univers douillet du lycée pour l'Université avec des paquets de cours à ne plus savoir qu'en faire, des amphis immenses et blindés… Je n'en ai pas un bon souvenir ! La deuxième P1, j'avais le sentiment que ça allait réussir. Du coup, je l'ai vécue de façon plus sympa. J'ai rencontré des amis en prépas, avec qui je sortais, je rigolais. Les journées étaient moins longues. On se sentait moins seul. La P1, ce n'était pas agréable, parce que c'était beaucoup d'apprentissage par cœur. Le stress de rater des QCM… Quel est l'intérêt ? y avait des cours intéressants, notamment de sciences cognitives, de sciences humaines et sociales. D'autres, c'était l'horreur : la physique des fluides à apprendre par cœur, avec des théorèmes qu'on ne comprenait pas… J'ai du mal avec le recul des années à imaginer que j'ai pu faire ça. C'est une vie sans fantaisie."
Par Mélissa, 18 ans, qui rentre en première année aujourd'hui "J'ai fait une prépa de trois semaines. Ça donne une idée de ce qui nous attend… Le tout premier jour, c'était un peu froid ; je pensais que personne n'allait se mélanger, se parler. Mais je me suis fait des amis. Il y a quand même de la concurrence, ça se sent : en classe, tout le monde essaie de montrer qu'il a la réponse à la question. Des groupes se forment et se challengent. J'espère que ça m'a permis de prendre un peu d'avance... Je suis contente d'avoir fait cette pré-rentrée. J'appréhende un peu moins. Je commence déjà à bosser comme si l'année était entamée. Je sais que c'est dur. Pendant tout l'été, je me suis préparée. J'ai profité de ces vacances-là parce qu'après c'est boulot à fond. Je me suis dit que si je ne tentais.. .pas la Paces, j'allais le regretter toute ma vie. Je vais essayer de réussir. Mais même si je rate, ce ne sera pas une année perdue, il y a des passerelles. Quoiqu'il arrive, j'aurai quelque chose."
Par le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé "J'ai passé ma première année en 1971-1972, l'année de la mise en place du numerus clausus et du concours. Mais j'en garde plutôt des bons souvenirs. Je m'étais inscrite à Necker-Enfants malades : la première année se passait à Descartes, rue de l'Ecole de médecine à Paris mais la section scientifique (CPEBH) avait des cours au campus d'Orsay au premier semestre. La fac d'Orsay, c'est assez merveilleux. Un cadre magnifique : c'est très grand, il y a des routes… J'ai un bon souvenir là-bas : j'ai appris à conduire. Tous les copains étaient derrière moi, on a eu des sacrés fous rires. Ensuite, retour à Descartes. Là, ça a été la lutte. On s'était inscrit en médecine alors qu'il n'y avait pas de numerus clausus. Certaines facs un peu élitistes, comme Necker, faisaient des pré-sélections sur dossier. Quand on a découvert le numerus clausus en cours d'année, ça a fait un choc. Dans certaines facs - comme à Necker, il y a eu des reçus-collés au concours, avec 12-13 de moyenne. Alors que d'autres facs n'avaient pas rempli leur quota. Ça a été la levée de boucliers chez les syndicats étudiants. On a beaucoup manifesté pour qu'il y ait des mesures transitoires : les reçus-collés ont pu être répartis dans les autres facs. Après ça, l'étau s'est resserré d'année en année… C'était très sympa, très solidaire. Ce n'était pas du tout une ambiance concours. A l'époque, c'était encore des énormes amphis. Quand on arrivait du lycée, c'était impressionnant. Il y avait encore des dissections sur cadavre, dès la première année. Il y en avait qui ne supportaient pas du tout, alors on signait pour eux. Le contact avec les corps sans vie, l'odeur du formol… j'en garde un souvenir très impressionnant. En 71, il n'y avait pas encore beaucoup de femmes dans les hôpitaux mais il y avait déjà pas mal de jeunes filles à la fac, j'avais des copines. Je suis passée du 1er coup, j'étais une bonne élève comme on dit. C'était les débuts d'une belle aventure, que je n'ai jamais regrettée tellement c'est un métier passionnant."
Par Vie de carabin, dessinateur et interne
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Par Thomas Lilti, médecin et réalisateur "Je me souviens très bien de la première journée à la fac des Saints-Pères. Je suis un peu stressé. J'arrive du lycée, j'ai grandi en banlieue… Il y a deux découvertes en même temps : l'Université et Paris. Ce dont je me souviens, c'est l'entrée dans l'amphi, comme dans le film : il y a beaucoup de monde, et plus beaucoup de places. Je m'assois à côté d'une étudiante et on sympathise tout de suite. J'ai ce sentiment qu'il faut vite que je trouve des amis Je découvre une forme d'anonymat que je n'avais pas connu jusque-là. Je garde un souvenir assez positif de cette année, parce que j'ai eu mon concours du premier coup. Je n'avais pas l'habitude d'être dans les tout meilleurs élèves, je me suis un peu révélé dans cette première année. Néanmoins, je garde le souvenir de beaucoup de solitude face à l'immensité de la charge de travail. On a beau se faire des amis, on se sent très seul. Je n'ai pas connu cette histoire d'amitié totale qui est dans le film. Les longues soirées à la bibliothèque, aller manger seul au resto universitaire, puis bosser dans ma chambre tout seul jusqu'à pas d'heure... C'est pesant et assez violent quand on a 17-18 ans."
Par le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF "J'ai passé ma première année de médecine, en 1965, l'année où les Prs Wolf et Monod ont eu le prix Nobel. J'étais en fac à Nantes, nous étions 400 candidats pour 89 postes : c'était bien plus confortable que maintenant, on pouvait passer les épreuves en juin et en septembre, deux fois. J'ai été reçu en juin, dès la première fois : les épreuves comportaient moins de maths que maintenant, d'ailleurs je n'avais pas fait maths élem, mais science ex et je l'ai eu sans problème. Je n'ai pas bossé comme un fou, la nuit, le jour, mais j'ai travaillé de manière très régulière, sans faire d'impasse. Il faut dire que j'avais pris une année quasiment sabbatique entre le bac et l'inscription. La longueur des études de médecine m'inquiétait, je voulais être indépendant de mes parents. Au résultat, je m'y suis pris trop tard pour m'inscrire, alors j'ai fait un an le pion dans un collège jésuite pour surveiller les études du soir, et aussi le grouillot de service pour le professeur de sciences-nat. Ce qui m'a permis d'améliorer mes maths et ma physique grâce aussi à des cours par correspondance puisque j'avais du temps libre dans la journée. Je faisais aussi beaucoup de sport. D'ailleurs, lorsque j'ai annoncé à mon club de foot que j'allais être obligé d'arrêter les matchs du dimanche car j'allais devoir travailler pour payer mes études de médecine, ses dirigeants m'ont proposé de me les financer partiellement. Soit un tiers de SMIC, en contrepartie de mon maintien dans l'équipe en Bretagne, pour les matchs du week-end, dans la région de Nantes. J'étais ce qu'on appelle un "amateur marron", c’est-à-dire que je jouais en amateur, mais sponsorisé. Cela m'a permis d'être relativement confortable durant mes quatre premières années d'études. En plus d'être pion, je travaillais l'été dans une usine de brochure à Malakoff où j'ai même obtenu mon diplôme de massicotier P2. J'ai ensuite été intronisé par un patient, membre du syndicat du Livre. Cette première année, je n'ai pas souffert. J'ai bossé bien sûr, mais j'avais trouvé mon rythme et mon modèle économique, j'étais autonome. Pour résumer, le DPEM et les 1ère, 2ème et 3èmeannées, je ne les ai pas vues passer. Nantes est une petite ville, tout le monde se connaissait, on travaillait mais avec le bon côté de la vie étudiante, on allait au resto-U, on allait draguer à la fac de lettres car il y avait très peu de filles en médecine. C'était sympa, on s'est bien marré. Maintenant, je vois la vie des étudiants, cette angoisse de la première année, ce concours extrêmement dur, les burn out et les suicides. C'est bien plus dur pour les jeunes que pour nous. Je n'ai jamais côtoyé de cas de suicides durant mes études, par exemple. En plus, à partir de 1968, le rapport avec les profs a changé, on pouvait discuter avec eux."
Par Arnica, généraliste et bloggeuse en Alsace "Ma première année n'est pas du tout intéressante. J’ai bossé à fond chez moi et j’allais en cours. Je n’ai rien fait d’autre. Et je l'ai réussie. Je n'avais le temps pour rien d'autre. Tout était horrible. J’habitais chez ma mère, à Strasbourg, et je prenais le bus en hiver. Il y avait une cité universitaire à côté et les étudiants de première année (P1) prenaient le même et parlaient que de ce qu’ils avaient bossé. Et moi je n’avais pas fait la moitié. Ils me foutaient les boules tous les matins. Au final je me suis retrouvée classée 350° aux partiels à Pâques et ensuite j’ai bossé 16h par jour jusqu’en juin. J’ai fini 160° sur 170 places pour les médecins et j’ai réussi du premier coup. Aucun de ceux du bus n’a réussi à passer. J’ai commencé ma vie étudiante en P2. Les profs se foutaient totalement des étudiants. On avait des amphis de 500 x 2 environ. A l’époque, il n'y avait que médecine et dentaire, pas kiné ni sage-femme. Après les épreuves, j’ai dormi. J'ai découvert les résultats à la lampe de poche, et la boule au ventre. Ils étaient affichés sur une vitre de la fac, tard le soir. Ensuite j'ai fait la fête."
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