Prépas à 3000 ou 4000 euros, ouvrages hors de prix, charge de travail incompatible avec un job étudiant… L'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) dénonce les effets pervers des deux concours qui rythment les études de médecine et induisent, de facto, une sélection sociale. Pour Clara Bonnavion, présidente de l'Anemf, il serait pourtant simple de réduire la facture.
Egora.fr : Vous publiez pour la seconde fois cette année votre indicateur du coût de la rentrée de l'étudiant en médecine. Comment a-t-il évolué ? Clara Bonnavion : C'est difficile à dire car nous avons changé de méthodologie, notamment pour inclure les coûts de toutes les prépas privées. Cette année, s'ajoute la contribution vie étudiante et de campus (90 euros), liée à la suppression du régime de sécurité sociale étudiante [ce qui a entrainé une diminution de 217 euros des frais d'inscription à l'université, NDLR]. Elle n'a pas été compensée pour les étudiants en santé, qui étaient déjà au régime général. En médecine, il y a surtout des postes de dépenses qui ne faiblissent pas, comme les prépas privées en Paces (plus de 3000 euros en province, plus de 4000 à Paris) et l'achat des référentiels de spécialité en première année d'externat (DFASM1).
Comment lutter contre l'offensive des prépas privées en Paces ? Le problème, c'est qu'elles viennent se présenter dans les lycées en ne précisant pas qu'elles sont indépendantes des facultés. Elles jouent sur cette ambiguïté… Certains élèves de terminale pensent donc que c'est obligatoire de faire une prépa en Paces. D'autres, qui visent un très bon classement, ont l'impression que parce qu'il est gratuit ou pas cher (une vingtaine d'euros), le tutorat offre moins de services. Alors que chaque année, avec l'expérience, il gagne en qualité… Dans les lycées où le tutorat est présenté aux élèves, il parvient à faire concurrence aux prépas. Il faut que les rectorats et les universités mettent en avant le tutorat et que les associations soient les interlocuteurs privilégiés. Entre les référentiels de spécialité et la prépa aux ECN, un étudiant en première année d'externat dépense entre 1700 (moyenne en province) et 2150 euros (Ile-de-France). Comment réduire la note ? L'achat de tous les référentiels de spécialité, neufs (car ils sont régulièrement mis à jour), représente 1221 euros. C'est un coût facilement évitable : il suffirait de mettre à disposition des versions numériques gratuites. Quelques collèges de spécialité l'ont déjà fait. Mais il y a un monopole de certaines maisons d'édition... L'autre solution serait de considérer ces ouvrages comme des livres scolaires, ce qui permettrait aux associations étudiantes de faire des achats groupés et de proposer des réductions supérieures à 5% au nom de l'accès au savoir. Pour les ECN comme en Paces, il y a des organismes de prépa qui profitent de l'angoisse des étudiants. On demande à ce que les facultés fassent davantage de conférences, de manière régulière, et que les supports pédagogiques soient mis sur la plateforme Sides pour que tous les étudiants de France puissent en profiter. Certaines facultés ne jouent pas le jeu du partage. Le développement des stages hors CHU dans le cadre de la réforme du 2ème cycle et la mise en place du service sanitaire vous fait craindre une hausse des frais de logement, transport et restauration. Que revendiquez-vous ? Je précise que nous voulons plus de stages dans les hôpitaux périphériques et davantage de prévention dans notre formation. Mais ça ne doit pas se faire au détriment des finances des étudiants. On ne peut pas demander à un étudiant de faire une heure de trajet à l'aller et une heure au retour pour aller en stage. Il faut développer les internats/externats régionaux et il faut impliquer les collectivités locales car elles ont tout intérêt à ce que les étudiants découvrent leur région. A défaut de logement sur place, on demande à ce que les étudiants bénéficient de l'indemnité de 230 euros versée aux internes. Pour le service sanitaire, 89 euros d'aide au transport ont été accordés : c'est une somme dérisoire pour plusieurs semaines de stage. Par ailleurs, un étudiant de DFASM 1 est rémunéré 100 euros net par mois pour 5 matinées par semaine à l'hôpital. Avec les cours l'après-midi et la préparation aux ECN, il n'a pas le temps d'avoir un job étudiant. On demande à ce que les externes puissent bénéficier de la prime d'activité et à ce que les bourses étudiantes soient maintenues l'été, période pendant laquelle les externes continuent de travailler à l'hôpital.
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