Les étudiants dézinguent la future première année en santé, "aussi sélective et discriminatoire" que la Paces

04/12/2018 Par Aveline Marques

"Recréer la Paces sous un autre nom serait un terrible constat d'échec", estiment les organisations représentatives des étudiants en santé, qui voient d'un mauvais œil le projet de "Portail santé" qui devrait être présenté la semaine prochaine aux ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur. Ils appellent à en finir avec "le massacre du concours".

"Une proposition nous a été faite par les Conférences des doyens : créer un Portail santé qui serait une première année sélective de préparation aux études de santé. Ce projet présenté comme consensuel ne nous satisfait pas. Nous n'y voyons qu'une reproduction des erreurs passées", exposent dans une tribune sur le Nouvel Obs les présidents d'associations et de fédérations d'étudiants en santé, dont l'Anemf*. Dévoilées lundi par L'Obs, le projet de "Portail santé", cette première année d'études en santé censée remplacer la Paces à la rentrée 2020, n'a pas convaincu les étudiants. D'abord parce qu'elle serait "tout aussi sélective et discriminatoire" en organisant "une sélection à l'entrée de celle-ci, par exemple par l'obligation d'avoir suivi trois ans de SVT au lycée, comme cela a été proposé par la Conférence des doyens des facultés de médecine", pointent les signataires. "Là où il faudrait diversifier les voies d'accès aux études de santé, on continuerait au contraire à homogénéiser les profils", lancent-ils. Déplorant "le gâchis humain" que représente actuellement la Paces, les représentants s'inquiètent du sort qui sera réservé aux étudiants qui échouent au terme de cette première année. "Alors qu'après une ou deux années de Paces, un étudiant n'avait aucune idée de son projet professionnel, nous nous étions mis d'accord sur l'importance d'intégrer des modules d'orientation au sein du nouveau modèle. Nous avions une volonté commune d'accompagner les étudiants dans la construction de leur parcours universitaire ainsi que de leur permettre d'acquérir des compétences différentes de celles de la Paces afin de faciliter leur poursuite d'études dans l'université", soulignent-ils, exprimant leur déception. Avec le nouveau système, aucun redoublement ne sera permis. Mais au moins 30% des places en deuxième année -dont le nombre pourra varier selon les facs en fonction des besoins de santé locaux (numerus apertus)- seront réservés à des étudiants qui ont validé une L2, une L3  voire dans une autre filière. Une diversification encore trop timide pour les étudiants en santé : "si des bases scientifiques sont nécessaires et souhaitées par tous, il est temps de sortir du prisme scientifico-centré pour remettre ce qu'il manque depuis des années dans nos études de santé : l'humanité", estiment-ils. "Les enseignements de sciences humaines, la communication, le travail d'équipe et l'esprit critique, quasi absents de la première année et bien trop peu présents ensuite, doivent devenir la norme." Le Gouvernement est donc prié de revoir sa copie. [avec Nouvelobs.com]   *Les signataires : Orlane François, Fédération des associations générales étudiantes (Fage); Clara Bonnavion, Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf); Robin Tocqueville-Perrier, Association Nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf); Audrey Toullec, Association nationale des étudiants en psychomotricité (Anep); Julie Kerbrat, Association nationale des étudiants sage-femmes (Anesf); William Chastel, Fédération française des étudiants en orthoptie (FFEO); Tanguy Delmas, Fédération nationale des étudiants en audioprothèse (Fnea); Antoine Dugast, Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek); Pierre Tudeau, Fédération nationale des étudiants en podologie (Fnep) ; Bilal Latreche, Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) ; Lucie Garcin, Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG); Edouard Lequertier, Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD); Fanny Mermin, Union nationale des associations des étudiants en ergothérapie (UNAEE).  

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