Prépas privées, bouquins, loyer… Ce que coûtent réellement la Paces et l’externat
En théorie, l'enseignement supérieur est accessible à tous. En pratique, "cette vision n'est que partiellement partagée par les universités et les facultés, notamment en médecine", pointe l'Anemf. En témoigne l’indicateur du coût des études calculé par l’association pour la 3ème année consécutive. Poste de dépense par poste de dépense, il met en lumière les nombreux facteurs d’inégalité sociale qui jalonnent la Paces et l’externat (plus précisément la première année, la DFASM1). Aux dépenses communes à tous les étudiants universitaires, qui composent l'indicateur du syndicat Fage, s'ajoutent en effet des frais spécifiques aux études de médecine. 5465 euros pour une rentrée en Paces A la rentrée, calcule ainsi l'Anemf, un étudiant de Paces* inscrit en prépa déboursera en moyenne 5465, 01 euros (6675,36 euros à Paris, 5125,31 euros en province), soit une hausse de 8,93% en un an. Une somme qui inclut la complémentaire santé, les frais d'agence locative, l'assurance du logement, la contribution vie étudiante et de campus, les droits d'inscription à l'université, le matériel pédagogique usuel et surtout, les frais propres à la préparation du concours.
Si la majorité des étudiants de Paces bénéficient des tutorats, désormais certifiés par le ministère et pour la plupart gratuits (des frais d'inscription d'une vingtaine d'euros peuvent être réclamés), certains ont recours à des organismes privés pour maximiser leurs chances de passer en deuxième année. Et la facture est salée : 3978,77 euros en région, 5459,71 euros en Ile-de-France. Face à cette sélection par l'argent, l'Anemf souhaite que le "vecteur d'égalité sociale" qu'est le tutorat soit davantage promu en amont de la Paces. Ces organismes bénévoles doivent devenir "l'interlocuteur prioritaire" lors de l'orientation des lycéens, insiste l'association. Même combat pour l'externat presque entièrement tourné vers la préparation des ECN. En "concurrence directe" avec la plateforme Sides, alimentée par les facultés, les organismes de prépa continuent d'embrigader des carabins anxieux pour la modique somme de 776,25 euros en province et de 938,33 euros en Ile-de-France. Ces organismes n'étant pas proposés dans toutes les villes, l'Anemf n'a toutefois pas inclus ces frais à son indicateur du coût de la rentrée en 4e année (DFASM1). 1329,32 euros pour l’ensemble des référentiels de spécialité S'élevant en moyenne à 3471,52 euros en 2019 (3267,45 euros en région, 4282,03 euros en Ile-de-France), en hausse de 6.84% par rapport à 2018, cet indicateur n'inclut donc que la souscription à un service d'aide à la préparation des ECN en ligne (243,2 euros). Mais le gros des dépenses est ailleurs. Lors de la première année d'externat, les carabins doivent débourser pas moins de 1329.32 euros pour l’achat des différents référentiels publiés par les collèges de spécialités. Des ouvrages trop régulièrement mis à jour pour être achetés d'occasion, constate l’association. Certains étudiants se voient même contraints de racheter une nouvelle édition au cours de leur deuxième cycle. La solution est pourtant simple (sur le papier) : publier des versions numériques gratuites. L'Anemf demande par ailleurs à ce que les référentiels soient reconnus comme des ouvrages scolaires afin de pouvoir être vendus à prix réduits par les associations. Outre les frais communs avec les étudiants de Paces (complémentaire santé, logement…), les 4ème années doivent par ailleurs s'acquitter de 243 euros de droit d'inscription et cotiser à hauteur de 500,76 euros pour leur Sécurité sociale. Rémunération « dérisoire » A ces « frais de rentrée », s'ajoutent pour tous les étudiants des "frais mensuels de vie" (loyers, nourriture, téléphonie et internet, transports…) qui s'élèvent à 1145,20 euros en Ile-de-France et 913,80 euros en province.
Or, rappelle l'Anemf, la rémunération d’un étudiant de DFASM1 « est dérisoire » : 100 euros net par mois pour 5 demi-journées par semaine à l’hôpital, soit environ 20 heures de travail. « Cela correspond à un salaire horaire brut de 1,29€, pointe l’association. En comparaison, un étudiant stagiaire touche une gratification horaire nette de 3,75€ minimum pour un stage d’au moins deux mois. » Entre les cours, les révisions et les stages, dégager du temps pour un job étudiant est difficile, voire impossible. L’Anemf milite donc à ce que l’indemnité versée aux étudiants hospitaliers soit alignée sur celle des stagiaires de droit commun (300 euros net par mois). Elle demande par ailleurs à ce que les externes bénéficient de la prime d’activité, dont ils sont actuellement exclus… puisqu’ils ne gagnent pas assez. D’autres mesures sont plébiscitées pour compenser les frais des externes, notamment en stage : mise à disposition de logement pour les stages en périphérie (censés se développer avec la réforme) et à défaut, octroi de l’indemnité de logement (235 euros) dont bénéficient pour l’instant les seuls internes ; maintien des bourses durant l’été ; tarifs de restauration hospitalière calqués sur ceux du Crous ; accès aux services de gestion des œuvres sociales (CGOS) des CHU… Autant de propositions qui visent à rendre les études de médecine réellement accessibles à tous. *Non boursier, n'habitant pas chez ses parents.
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus