Trois ans ferme requis contre l'anesthésiste alcoolique de la maternité d'Orthez

09/10/2020 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice
Le tribunal correctionnel de Pau a requis ce vendredi trois ans de prison ferme à l'encontre de Helga Wauters, anesthésiste belge de 51 ans, jugée pour avoir causé la mort d'une patiente lors d'une césarienne alors qu'elle était alcoolisée. L'interdiction définitive d'exercer la profession de médecin a également été requise.
 

"Je suis incapable de m'exprimer correctement" : six ans après une césarienne tragique à la maternité d'Orthez, le Dr Helga Wauters, anesthésiste belge poursuivie pour avoir causé sous l'emprise de l'alcool la mort d'une jeune femme, a choisi de "garder le silence", face à une famille qui réclame des "excuses". "La famille est en droit d'attendre de moi des réponses (...) pourtant j'ai le droit de garder le silence (...) ce n'est pas un acte de défiance", déclare l'anesthésiste de 51 ans. Retournée en Belgique dans sa famille, cette fille de gynécologue, passée par plusieurs cures de désintoxicaton se dit toujours incapable de "maîtriser" son alcoolisme. "Je reconnais aujourd'hui que mon addiction était incompatible avec ma profession", lâche-t-elle, les mains tremblantes.

Le 26 septembre 2014, l'accouchement de Xynthia Hawke, 28 ans, est déclenché à la clinique Labat, qui mettait ses soignants et locaux à disposition du Centre hospitalier d'Orthez. La Dr Wauters, de garde, pose une péridurale l'après-midi mais après des complications, une césarienne sous anesthésie générale est nécessaire. Le bébé, indemne, est extrait vers 22H20, puis tout bascule. Ventre ouvert, "Xynthia va se mettre à bouger, elle vomit. Elle se débat et réussit à s'arracher" la sonde d'intubation, raconte le major de gendarmerie Jean-Pierre Tresmontan à l'audience. Fait rarissime, le Samu doit intervenir au bloc où il découvre une patiente "bleue", une équipe en panique et une anesthésiste "dépassée". C'était "Bagdad", dit une infirmière. La jeune Britannique meurt quatre jours plus tard des suites d'un arrêt cardio-respiratoire, sans avoir vu son bébé.   Vodka et rosé L'enquête révèlera que le médecin, en poste depuis une dizaine de jours, a intubé les voies digestives, au lieu des respiratoires. Puis elle a utilisé un ballon manuel au lieu du respirateur du bloc, qu'elle ne savait pas...

utiliser, selon des témoins. Devant les enquêteurs, l'anesthésiste reconnaîtra avoir commencé sa journée par de la vodka mélangée à l'eau, "comme tous les jours", depuis des années après une séparation difficile, pour faire "cesser les tremblements". Puis être sortie dans la soirée prendre un "verre de rosé" ou deux chez des amis, avant la césarienne.

Malgré deux licenciements pour faute grave liés à son alcoolémie en Belgique en 2013 puis 2014, ses antécédents n'ont jamais été signalés à l'ordre des médecins belge. Et quand elle postule en France, son CV a une "apparence irréprochable" assure la défense de la clinique Labat -fermée depuis - qui la recrute le 12 septembre 2014 suite au départ d'anesthésiste bulgares. A peine embauchée, elle ne répond pas à son téléphone alors qu'elle est de garde, ce qui lui vaut une mise à pied, qui ne sera pas effective immédiatement faute d'anesthésistes disponibles. Deux jours plus tard, elle est appellée sur l'accouchement de Xynthia Hawke… Le tribunal correctionnel de Pau a requis ce vendredi trois ans de prison ferme et l'interdiction définitive d'exercer à l'encontre de l'anesthésiste, estimant qu'Helga Wauters avait "pietiné le serment d'Hippocrate, le serment de soigner". "Helga Wauters a cumulé les négligences, imprudences, et maladresses", a affirmé la procureure de la République. Elle estime que la Belge est "la seule responsable" de la mort de Xynthia Hawke, écartant la responsabilié des établissements hospitaliers d'Orthez, qui avaient bénéficié d'un non-lieu.   [Avec AFP]

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