"Il s’est permis de m’attraper le visage pour m’embrasser" : un médecin condamné pour harcèlement
Le calvaire a commencé en 2016. Salariée de l’hôpital de La Grafenbourg, à Brumath (Bas-Rhin), une jeune femme qui travaille avec l’un des médecins de l’établissement commence à subir de plus en plus de remarques, mais aussi de gestes inappropriés de la part de ce praticien. Elle raconte notamment qu’il “s’est permis de [lui] attraper le visage pour [l'] embrasser sur la commissure des lèvres”, rapporte Rue 89 Strasbourg. En août de la même année, celui-ci enlace la salariée de l’hôpital et touche sa poitrine. Citée par le média, une secrétaire, témoin de la scène, raconte : “J’ai immédiatement réagi et j’ai fait une remarque au docteur : “Vas y te gène pas, touche lui les seins.” Il m’a regardé et il a ri. Quant à Manon*, elle a été surprise par ce geste. Elle est restée sans voix.” A ce sujet, l’homme avoue aux gendarmes “avoir peut-être effleuré ses seins”. Il niera toutefois avoir tenu des “propos entreprenants”, ainsi que “toute pensée sexiste”, préférant parler de “ton de la camaraderie”.
Une enquête administrative interne ouverte Au-delà de ces gestes obscènes, la victime rapporte également des remarques incessantes : “J’ai envie de te serrer dans mes bras”, “Si j’avais 25 ans de moins…”, “Tu es ma princesse”, etc. Elle alerte en janvier 2017 la direction de l’hôpital qui se montre dans un premier temps bienveillante. La protection fonctionnelle est accordée à la jeune femme, une enquête administrative interne est ouverte, et la directrice générale du centre national de gestion des praticiens hospitaliers est prévenue. En juin 2017, la salariée de l’hôpital décide de porter plainte contre le médecin, ne voyant aucune amélioration de la situation. Le directeur de l’établissement change alors d’attitude face à la jeune femme, qui précise...
à Rue 89 : “Il a fini par me dire que j’étais peut-être à l’origine du comportement du médecin.” En 2018, il prolonge également son statut de stagiaire, et ce, de manière non justifiée selon le tribunal administratif de Strasbourg qui retoque la décision un an après. Face au silence de certains collègues et aux fausses rumeurs, la jeune femme démissionne et déménage. Le parquet de Strasbourg décide en juin dernier de poursuivre le médecin pour harcèlement moral. Il lui est reproché d’avoir “dégradé les conditions de travail de l’agent par un comportement déplacé et des paroles à connotation sexuelle”. Celui-ci vient d’être condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de la capitale alsacienne. Se félicitant de voir “la culpabilité pénale de l’auteur enfin reconnue”, l’avocate de la victime a expliqué à Rue89 que : “Cela montre que la victime n’a pas dénoncé son harceleur en vain, avec tous les efforts que cela représente.” *Le prénom a été modifié. [avec Rue 89 Strasbourg]
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