Ces ordonnances font tiquer les pharmaciens. Le plus souvent falsifiées (avec parfois des fautes d'orthographe), elles laissent présager des abus voire une dépendance des patients vis-à-vis de certains médicaments. Dans 29% des cas, d'ailleurs, ces derniers refusent de présenter leur carte vitale… En 2018, 1950 ordonnances suspectes ont ainsi été enregistrées par les pharmaciens collaborant avec le réseau français des 13 centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance (CEIP) addictovigilance. D'après l'enquête Osiap ("ordonnances suspectes indicateurs d'abus possibles"), 395 spécialités différentes y étaient inscrites. "Pour la première fois depuis des années, le zolpidem n'est plus le médicament le plus cité", relève l'enquête. La première place est désormais occupée par les spécialités antitussives de codéine, présentes dans 16.3% des ordonnances suspectes. Le patient type est un homme de 23 ans inconnu de la pharmacie. Suivent les antalgiques associant codéine et paracétamol (13,5%), le tramadol (12.2%) et la prégabaline (11,9%), qui connaît une ascension fulgurante dans ce classement. "L'usage abusif de la prégabaline en France est un phénomène récent, apparu en 2011 et marqué en 2018", souligne l'enquête Osiap. Le zolpidem n'arrive, lui, qu'en 5e position.
"L'émergence massive des spécialités de codéine" est liée à la modification de leurs conditions de prescription et de délivrance en 2017, estiment les auteurs. Elle a eu pour effet de "rendre visible un comportement qui ne l'était pas lorsque ces médicaments étaient accessibles sans ordonnance".
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