Le jour où Agnès Buzyn a risqué sa vie pour Emmanuel Macron

30/01/2018 Par Fanny Napolier
Personnalités

Il est certains détails sur lesquels Agnès Buzyn apprécie la discrétion. Mais dans un récent portrait, Challenges fait de nombreuses révélations sur la ministre de la Santé. Et notamment sur un certain dimanche de mai, où elle a risqué sa vie pour Emmanuel Macron.

  Le 7 mai dernier, Agnès Buzyn est hospitalisée en réanimation à la Pitié-Salpêtrière. Les médecins redoutent une hémorragie cérébrale. Mais soudain, à 19 heures, Agnès Buzyn prend conscience qu'elle n'a pas voté. C'est le deuxième tour de l'élection présidentielle. Impensable, quand Emmanuel Macron fait face à Marine Le Pen. Le Dr Buzyn s'empresse de signer une décharge et file à son bureau de vote, à temps.  

Elle dort dans des gares routières

  Le portait de Challenges raconte aussi comment Agnès Buzyn a appris sa nomination au ministère. Le 16 mai, alors que les politicards guettent leur téléphone, Agnès Buzyn est au salon Hôpital Expo. Au moment de rallumer son téléphone, elle voit 13 appels en absence. Le jour même, elle est reçue par Edouard Philippe. Le lendemain par Emmanuel Macron. Quatre heures avant l'annonce du gouvernement. " J'ai dit au président de la République que je n'étais pas douée pour la langue de bois, il m'a répondu “ne changez rien”, rapporte Challenges. Derrière son élégance d'aujourd'hui, se cache une adolescence agîtée. A 16 ans, elle part en road trip aux Etats-Unis. En mode roots, elle dort dans des gares routières et fréquente les concerts de hardrock de New York. Au début des années 2000, une autre expérience forge son caractère et ses valeurs d'aujourd'hui. Professeur de médecine, elle vise le poste de chef du service d'hématologie à Necker (AP-HP). Mais elle affronte un redoutable concurrent, qui bénéficie du soutien des pontes. Elle échoue et se souviendra longtemps du harcèlement moral qu'elle subira ensuite de la part de son chef. "Il me tenait à l'écart des réunions, prenait systématiquement le contre-pied de mes décisions. A tel point que je disais l'inverse de ce que je pensais pour le bien-être des malades !, raconte-t-elle. Cela a été une période terrible. Si je n'avais pas eu mes enfants, je crois que j'aurais pu me suicider." Elle tente d'alerter la direction, l'AP-HP, les élus... En vain.  "Si vous attaquez votre chef de service, vous êtes morte", lui martèle-t-on.  

"Le quasi-immobilisme" de Martin Hirsch

  "Agnès m'a très justement dit un jour : “Quand tu es harcelée, tout le service est contre toi et veut te voir partir”. Si elle n'avait pas été placardisée à Necker, elle aurait certainement continué sa carrière de médecin. C'était sa véritable vocation", rapporte une dermatologue qui souffre de harcèlement depuis dix ans. Agnès Buzyn déplorerait d'ailleurs "le quasi-immobilisme" de Martin Hirsch sur ces questions. " Agnès Buzyn a une idée assez précise de la trace qu'elle veut laisser en tant que ministre, juge son prédécesseur et patron du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Son problème majeur est de savoir si elle aura un accès suffisamment direct à Emmanuel Macron pour débloquer des crédits."  Si elle peut compter sur toute la confiance d'Emmanuel Macron, la ministre de la Santé n'appartiendrait pas au cercle des intimes qui partagent des dîners, des fêtes et des SMS nocturnes avec le Président. Loin de ce jeu politique, Agnès Buzyn avance.  

  D'ailleurs on apprend aussi, en lisant Challenges, qu'elle avait été approchée par l'équipe du candidat Fillon pour discuter de son programme santé. Elle accepte à condition que la rencontre ait lieu dans un lieu neutre, à l'Assemblée nationale. " Si François Fillon avait été élu, je pense qu'elle aurait aussi pris du galon ", glisse un proche de la ministre.   [Avec Challenges.fr]  

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