Invitée du congrès Urgences 2022, la ministre de la Santé a annoncé mercredi 8 juin une première série de mesures ayant vocation à répondre à la crise que traversent les services d’urgences hospitaliers. A cette occasion, Brigitte Bourguignon a voulu se montrer rassurante sur l’état actuel du système de santé, alors que de nombreux soignants lancent pourtant l’alerte devant les fermetures de services en série. “Je n’accepterai ni l’instrumentalisation politique, ni que l’on fasse croire aux Français que partout, le système s’effondre. Ce serait méconnaître les efforts de tous sur le terrain”, a néanmoins affirmé la ministre. “Je n’accepterai pas non plus l’instrumentalisation politique de ce sujet. Ce sujet est trop grave pour que certains jouent aux oiseaux de mauvais augure, à prédire le chaos, à attiser les tensions, et tout faire pour créer de l’angoisse et des effets en cascade dans nos équipes soignantes. Les Français méritent mieux.” Dans un communiqué publié le soir même, l’UFML-S a apporté “son soutien à tous les soignants du secteur privé comme du secteur public, de l’hôpital à la ville, qui ont été blessés par cette déclaration”. “Blessés, car ils vivent chaque jour, chaque nuit, tout au long de leurs exercices, et ce depuis des mois, l’effondrement total du système, qui malheureusement est aujourd’hui au sol”, écrit le président du syndicat, le Dr Jérôme Marty. Le généraliste de Fronton fait un constat bien différent de la ministre : “Des blocs inutilisés dans les cliniques comme dans les hôpitaux, des services de soins continus qui ferment par manque de personnels, des services d’urgences en grèves sur tout le territoire. Des médecins de ville généralistes ou spécialistes qui n’arrivent plus à faire face à la demande de soins qui s’épuisent, désespèrent, et parfois déplaquent (…) Partout des soignants sous pression qui soignent la peur au ventre, et dont certains abandonnent définitivement le soin”. “Cette situation, nous ne l’avions jamais connue”, indique-t-il.
Pour le Dr Marty, les soignants vivent “plus qu’un effondrement". “La maison brûle”, alerte-t-il. “Et voir la ministre de la Santé, la ministre des patients et des soignants penser qu’il s’agit d’une manipulation pose question.” Il considère même “effrayant” que la ministre de la Santé soit “déconnectée” de la réalité de ce que vivent chaque jour, chaque nuit, chaque heure, les soignants et les patients de France”. Sur les réseaux sociaux, la colère des médecins était grande. Beaucoup ont réagi et interpellé la ministre pour réagir à ses propos, "choquants" et exprimer leur mécontentement.
Il faudrait peut-être y mettre un peu les pieds, sur le terrain, madame, avant de dire n'importe quoi...
— Christine Boisselier-Daré (@DreChristineBD) June 8, 2022
Le système de soins ne tient QUE grâce aux efforts et au dévouement de soignant.e.s qui n'en peuvent plus de bosser TOUT LE TEMPS à flux tendu.
Des mesures efficaces, les mesurettes que vous avez prises ? Le doublement des heures supp ne suffit plus à freiner les départs Mme la Ministre. Ça fait un an qu'on a des heures sup majorées dans tous les services et pourtant, nous voyons bien où nous en sommes. https://t.co/yAFpTbm5xW
— JulBzz (@JulBzz) June 8, 2022
Quand tu n’as rien compris.
— docisa — no #fakemed— (@docisa33) June 8, 2022
Rien.
C’est notre réalité de tous les jours… https://t.co/qHw7J7lICV
Alors qu’une rencontre était prévue ce jeudi 9 juin entre Brigitte Bourguignon et le Dr Marty, ce dernier l’appelle à prendre de vraies mesures pour éviter de “maintenir un système à bout de souffle”.
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