Attaque au couteau : les psychiatres répondent aux propos de "ratages psychiatriques" de Darmanin
Dans l’émission "Face à Face" sur RMC et BFMTV, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin est revenu ce lundi matin sur l’attaque au couteau, qui a eu lieu samedi soir à Paris, à proximité de la tour Eiffel. L’assaillant, un homme de 26 ans, atteint de troubles psychiatriques et fiché S, avait déjà été condamné en 2016 pour un projet d’attentat. Il avait écopé d’une peine de prison de quatre ans et d’un suivi psychiatrique. L’homme était en effet "soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur", a confirmé le procureur antiterroriste Jean-François Ricard. Ce suivi a pris fin le 26 avril 2023, après une nouvelle expertise psychiatrique. Gérald Darmanin assure au micro d’Apolline de Malherbes que l’auteur de l’attaque a effectué “l’intégralité à quelques jours près de sa peine”, mais estime qu’”il y a eu un ratage manifestement psychiatrique puisque les médecins à plusieurs reprises ont considéré que [l’assaillant] allait mieux et qu’il pouvait vivre ‘librement’”. “La communauté psychiatrique commence à s’émouvoir des propos du ministre de l’Intérieur”, confie Bernard Granger, professeur de psychiatrie. Pour lui, cette accusation du ministère de l’Intérieur est “une attaque grossière contre la profession déjà maltraitée”. Il dénonce “une réaction à chaud où l’on cherche des responsables”. Selon le Dr Michel Triantafyllou, président du Syndicat des psychiatres d’exercice public (Spep) “associer les troubles psychiatriques à la commission d'actes terroristes est pour le moins hasardeux, pour ne pas dire démagogique". "Qu'est-ce qui a prévalu [chez l'assaillant] : l'idéologie jihadiste ou la pathologie mentale, qui a aussi pu être re-déclenchée ou aggravée à la lueur des événements au Moyen-Orient ?", se demande le Dr Alain Mercuel, psychiatre.
Le ministre de l’Intérieur a indiqué lors de son interview que l’auteur de l’attaque au couteau ne “prenait plus ses médicaments”. Selon le Dr Alexandre Baratta, psychiatre, si cela a peut-être "favorisé le passage à l'acte car l'individu a pu décompenser", il a tenu à rappeler qu’une personne "peut [aussi] passer à l'acte malgré un traitement bien pris". La mère de l’auteur des faits avait effectué un signalement à la police fin octobre, après avoir constaté que son fils "se repliait sur lui-même". Mais elle ne souhaitait pas demander une hospitalisation forcée. Le ministre de l’Intérieur a demandé que les autorités "puissent exiger une injonction de soins" pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l'acte. Mais pour le Dr Alain Mercuel, “il est très difficile de soigner des personnes sous contrainte, surtout si l'idéologie est massive". [Avec AFP]
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