"Abus" des arrêts de travail : quand Buzyn fait la leçon aux médecins
Encore secoués par les propos du Premier ministre, pour qui la hausse des arrêts maladie est comparable à l'octroi d'un jour de congé supplémentaire, les médecins prescripteurs ont été sermonnés par la ministre de la Santé pour leur manque de responsabilité.
Alors que des négociations sur la santé au travail viennent de s'ouvrir avec les partenaires sociaux, la hausse des arrêts de travail de courte durée apparaît au coeur des préoccupations du gouvernement. "En trois ans, le nombre de journées indemnisées est passé de 11 à 12 par an et par salarié du privé. C’est comme si notre pays avait instauré un jour de congé supplémentaire !", s'alarmait Edouard Philippe dans la presse dimanche, déclenchant la colère des médecins sur les réseaux sociaux. "Un jour de congé supplémentaire" Interrogée sur le sujet mardi soir sur CNews et mercredi matin sur Radio Classique, Agnès Buzyn a mis de l'huile sur le feu. La ministre de la Santé juge "incompréhensible" la hausse des dépenses d'arrêts maladie. Chaque année, ce sont "400 millions d'euros supplémentaires qui sont reversés sous la forme d'arrêts maladie et ne vont pas dans les caisses des hôpitaux pour payer des soins innovants ou dans celles des soins de ville", a pointé la ministre de la Santé, dénonçant la "déresponsabilisation" générale. "Le médecin prescripteur, ce n’est pas lui qui paye, une entreprise s’en fiche quelque part (…) ce n’est pas elle qui paye", a-t-elle déclaré. "On sent que les médecins sont sous la pression", a concèdé Agnès Buzyn. Mais reste que 15% des arrêts de travail apparaissent "inappropriés" à l'issue des contrôles et ne sont ni plus ni moins que des "abus" pour la ministre de la Santé. "Le problème est que la sécurité sociale paye pour tout le monde. Cette déresponsabilisation je veux travailler dessus." Les négociations qui viennent de s'ouvrir devront aboutir "à une meilleure organisation et une meilleure responsabilité collective", estime Agnès Buzyn. "Cela passe peut-être par des conditions de travail améliorées, par plus de contrôles et par une responsabilisation accrue des médecins." "Défiance totale" Une déclaration jugée "blessante" par l'UFML. "Oser suspecter les médecins de dérives car 'ils ne payent pas' c’est remettre en cause le socle même de notre système sanitaire et c’est faire montre d’une défiance totale à l’égard d’une profession dont la ministre a la charge", s'est indigné le syndicat dans un communiqué diffusé mercredi.
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