La nouvelle ministre de la Santé sait qu'elle n'a pas le droit à l'erreur. Elle doit s'employer à renouer le dialogue avec des professionnels, heureux de tourner la page du quinquennat Touraine alors que plusieurs dossiers urgents s'empilent déjà sur son bureau. A commencer par le prochain projet de budget de la Sécurité sociale 2018.
Y aura-t-il un état de grâce entre la nouvelle ministre de la Santé et les médecins libéraux ? Ces derniers se disent majoritairement prêts à la reprise du dialogue, et attendent des premiers pas du Pr Agnès Buzyn, qu'ils effacent les traces laissées par Marisol Touraine, son prédécesseur très impopulaire, et qui a dit ressentir "un immense bonheur" à transmettre les clefs et le flambeau à l'ancienne directrice de la Haute autorité de Santé. Et Agnès Buzyn n'a-t-elle pas parlé, lors de son premier discours de ministre, de "chemins" et de "styles" différent ?
Obligation vaccinale
A l'occasion de ce départ, Marisol Touraine a transmis à la nouvelle locataire de l'Avenue de Ségur, le dossier inachevé, de la réforme de l'obligation vaccinale. Un texte de loi est préparé, portant "extension de l'obligation vaccinale à 11 vaccins", conformément à la recommandation des experts menés par le Pr Fisher. Mais pour les médecins, l'urgence est d'une autre nature et concerne le tiers payant obligatoire, qu'ils se refusent à appliquer, alors que la loi de Santé en fait un droit pour les patients, en novembre prochain. Emmanuel Macron s'étant engagé à le rendre "généralisable", sans obligation pour les médecins, la nouvelle ministre devra agir sur ce premier front et pour se faire, s'appuyer sur une évaluation des dispositifs de dispense d'avance de frais, actuellement en service. Mais à entendre les syndicats, le sujet crucial serait plutôt la désaffection de la médecine générale, l'insécurité, la désertification médicale, les rôles respectifs de la médecine de ville et de l'hôpital… Les représentants libéraux sont impatients de rencontrer la nouvelle ministre, et mettent en avant l'urgence. La CSMF et le SML, partenaires conventionnels historiques, n'ont pas signé la convention. Le changement d'air provoqué par le départ de Marisol Touraine, leur permettra-t-ils de renouer le dialogue ?
15 milliards d'euros d'économie
Pourtant, tout de suite, le Pr Buzyn aura à s'atteler à la rédaction du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2018, qui passe à l'Assemblée à l'automne, et se prépare dès juin. Alors que toute la presse présentait le Dr Olivier Véran, neurologue grenoblois et militant d'En Marche, comme le futur ministre de la Santé, ce dernier avait confié à egora.fr que ce PLFSS était déjà prêt, car il ne fallait pas perdre de temps. Mais cela, c'était avant la nomination d'Olivier Philippe, le Premier ministre, à Matignon. Le militant déçu aura-t-il transmis la copie à l'heureuse élue ? Dans ce projet de loi, doivent être concrétisées les annonces d'Emmanuel Macron : économie de 15 milliards d'euros, sur la durée du quinquennat, sans déremboursement de médicaments non gagés par la Haute autorité de santé, et sans suppressions de postes de soignants à l'hôpital. Ondam pluriannuel, 2008/2022, fixé à + 2,3 %. Le président candidat a également annoncé un plan d'investissement de 5 milliards sur la santé, notamment à l'hôpital public, pour muscler son activité numérique et accélérer la réforme de la T2A. Parallèlement, la ministre aura à calmer les représentants de l'hôpital, qui, tous, réclament plus de moyens après cinq années de vaches maigres. Mais le grand ordonnateurs des comptes publics se nomme désormais Gérald Darmanin, jeune minstre (ex LR) de 34 ans. C'est lui qui aura l'oeil sur les comptes de la sécurité sociale et particulièrement de l'assurance maladie, restreignant d'autant le champ des possibles de la nouvelle ministre.
Accroître la transparence
A l'hôpital, toujours, les internes n'ont pas interrompu le mouvement de grève contre la réforme du troisième cycle, entamé le 18 avril dernier. Là encore, Olivier Véran voulait rencontrer au plus vite les internes, pour trouver une voie consensuelle. Il appartiendra au Pr Buzyn de s'atteler à cette tâche. Autres promesses du candidat Macron : accroître la transparence dans les contrats proposés par les complémentaires, pour en faire baisser le prix et organiser, sur la durée du quinquennat, le reste à charge zéro pour les prothèses dentaires, auditives et l'optique. Et nul doute que l'arrivée très probable de Gilles de Margerie au poste de directeur de cabinet de la ministre, énarque tout droit sorti du groupe mutualiste Humanis, pèsera d'un poids décisif dans les décisions qui seront prises.
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M A G
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