Androcur : un risque de méningiomes graves pendant la grossesse même à distance du traitement

25/06/2019 Par Marielle Ammouche
Médicaments
De nouvelle données concernant les risques associés à la prise de traitements à base d’acétate de cyprotérone (Androcur et génériques) viennent d’être publiées. S’ils confirment des informations déjà connues dans la majorité ces cas, elles mettent cependant en évidence la notion de cas plus sévères survenant pendant la grossesse chez des patientes qui avaient pourtant arrêté leur traitement depuis longtemps.

  Ces données proviennent d’une enquête de pharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), réalisée afin de mieux caractériser le risque de méningiome. 298 cas de ces tumeurs en lien avec l’acétate de cyprotérone (287 femmes et 11 hommes), déclarés entre le 1er janvier 2014 et le 31 octobre 2018, ont été analysés. Les déclarations provenaient dans la moitié des cas des patients, et la grande majorité (78 %) a été réalisée après 2018. L’âge moyen était de 44,9 ans pour les femmes et de 77,4 ans pour les hommes. Les résultats confirment la part importante de prescription d’Androcur hors autorisation de mise sur le marché (AMM), principalement contre l’acné ou pour son effet contraceptif (56 % des cas) ; et la durée de d’exposition était particulièrement longue : 14,7 ans en moyenne.

La prise en charge de ces tumeurs a évolué au fil des années. Ainsi, avant 2014 le taux de prise en charge chirurgicale était de 74 % ; mais après cette date, il a diminué à 59 %, "ce qui tend à montrer une modification des pratiques en faveur de l’arrêt de l’acétate de cyprotérone et une surveillance rapprochée par IRM cérébrale plutôt qu’une chirurgie d’emblée", précise l’ANSM. Une régression de la tumeur a été observée dans la moitié ces cas non opérés. Mais l’enquête fait aussi apparaitre l’existence de "quelques cas" de développement de méningiomes pendant la grossesse alors même que le traitement avait été arrêté plusieurs années auparavant. Plus précisément, dans 4 cas, il y a eu... une poussée méningiomateuse plusieurs années après un traitement par acétate de cyprotérone, liée à la production de progestérone qui survient durant la grossesse. En outre il s’agissait de cas "sévères", certains d'entre eux ayant nécessité une intervention chirurgicale en cours de grossesse. Ceci "pose la question de la conduite à tenir chez les femmes envisageant une grossesse suite à un traitement par Androcur ou un de ses génériques", précise l’agence sanitaire. Ce sujet sera donc discuté lors d’un prochain comité d’expert (CSST), au second trimestre 2019. D’autres questions ayant trait à la contraception en cas de méningiome, ou à la prise en charge chez les personnes transgenres en parcours de transition, y seront aussi abordées. L’ANSM rappelle que, depuis la diffusion en octobre 2018 de recommandations aux professionnels de santé pour réduire le risque de méningiome sous acétate de cyprotérone, les ventes de ces médicaments ont diminué de près de moitié entre mai 2018 et mai 2019. Des campagnes d’informations, et des outils de prévention (attestation co-signée par me médecin et le patient, …) ont été développés pour renforcer encore la sécurité.

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