En pleine épidémie de coronavirus, l’ancienne ministre de la Santé revient sans tabou sur la gestion de la crise et la tenue des élections dans une grande interview au Monde. Elle a décidé de se retirer de la course aux municipales pour retourner à l’hôpital. Moins de 48 heures après le premier tour des élections présidentielles et quelques heures après le début du confinement des Français pour faire face à l’épidémie de coronavirus, Agnès Buzyn, "effondrée", a décidé de se confier dans une grande interview au Monde. Arrivée en troisième position au premier tour des municipales dimanche, l’ancienne ministre de la Santé a pris la décision de se retirer pour renfiler la blouse à l’hôpital. “Je dis toujours : “Ministre un jour, médecin toujours”. L’hôpital va avoir besoin de moi. Il va y avoir des milliers de morts”, affirme l'hématologue. Libre de tout engagement politique, celle qui confie n’avoir désormais “plus de boulot” raconte sans éléments de langage sa sortie du ministère. “Quand j’ai quitté le ministère, assure-t-elle, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu”, reconnaît-elle de but en blanc.
Au fil de l’interview, elle revient sur la chronologie du coronavirus. Il y a un mois, le 14 février, elle affirmait sur France Inter qu’elle ne pouvait pas être candidate à la mairie de Paris, pour cause d’agenda trop chargé. Agenda auquel s'ajoutait, à ce moment, le virus inconnu. Mais quelques jours plus tard, alors que des vidéos intimes de Benjamin Griveaux sont dévoilées, elle prend la décision de le remplacer au pied levé. “J’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir” Pourtant, l’ancienne ministre confie qu’elle était parfaitement consciente de la situation et du risque encouru par les Français. “Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein”, balance-t-elle. Elle entame alors une -brève- campagne mais reconnaît aujourd’hui : “Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée.”
Avec un peu de recul, Agnès Buzyn avoue qu’elle regrette ses propos tenus fin janvier à propos du coronavirus : “Le risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible”. Sa justification ? “Bien sûr, je n’aurais pas dû prononcer ces mots. Mais avant de partir du ministère, j’avais tout préparé, malgré une inertie…”. Elle espère travailler à nouveau à l’hôpital pour aider ses confrères face à l’épidémie et à la surtension des services. Retrouvez notre direct sur l'épidémie de coronavirus ici. [avec Le Monde]
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus