Hydroxychloroquine : Des scientifiques réclament l'accès aux données de l'étude du Lancet
Alors que l’étude du Lancet a largement influencé les décisions des autorités sanitaires mondiales et françaises sur la prescription d’hydroxychloroquine en cas de Covid, de nombreux scientifiques s’interrogent sur l’origine de cette montagne de données. Ils demandent d’obtenir l’accès aux données brutes traitées par les auteurs.
Dans lettre ouverte envoyée au Lancet, plusieurs chercheurs et experts du monde entier s'inquiètent. Ils dressent une longue liste des points problématiques, d'incohérences dans les doses administrées dans certains pays à des questions éthiques sur la collecte des données des patients. Après la diffusion de cette lettre, le Pr Raoult a immédiatement réagi sur Twitter en citant Winston Churchill : "'Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais c'est peut-être la fin du commencement'... De la guerre contre la chloroquine."
Winston Churchill: "Now this is not the end. It is not even the beginning of the end. But it is, perhaps, the end of the beginning"... Of the war against chloroquine.
— Didier Raoult (@raoult_didier) May 29, 2020
Dans un message publié sur Twitter, Todd Lee, expert en maladies infectieuses à l’université canadienne MCGill demande : “Est-ce qu'ils peuvent donner les noms des hôpitaux canadiens dont ils affirment qu'ils ont contribué aux données, pour qu'elles puissent être vérifiées de façon indépendante ?”
Can the authors of the nejm ace/arb corona paper and the lancet hcq paper to release the names of the Canadian hospitals they claim contributed to the dataset so that they can be independently verified? @TheLancet @NEJM
— Todd Lee (@DrToddLee) May 27, 2020
De son côté, le statisticien Andrew Gelman pointe des limites méthodologiques sur un blog de l’université américaine de Columbia et annonce avoir demandé les données aux auteurs de l’étude, sans succès.
“Limites”
Sans parler du Pr Raoult, fervent défenseur de l’hydroxychloroquine ayant jugé cette étude “foireuse”, plusieurs voix se sont également élevées en France pour exprimer leurs doutes et demander des éclaircissements. A l’image du cardiologue Florian Zores qui déclare sur Twitter avoir relevé des biais et appelle à poursuivre les essais randomisés.
Parmi les erreurs soulevées, des chercheurs australiens notent par exemple des différences entre les données officielles du pays et celles de l’étude, indique le Guardian. Les données de l’étude proviennent de la société d’analyse Surgisphere - dont le directeur, Sapan Desai, est par ailleurs l’un des auteurs de la publication.
Cette dernière s’est défendu immédiatement à travers un communiqué, garantissant l’intégrité des données émanant d’hôpitaux. Surgisphere a toutefois reconnu que l’étude présentait des “limites” mais n’a pas souhaité divulguer ses données : "Nos accords d'utilisation des données ne nous permettent pas de les rendre publiques."
Selon le Guardian, Sapan Desai aurait classé 73 décès en Australie à la place de l’Asie.
[avec AFP et le Guardian]
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