IVG : un nouveau manifeste réclame l’allongement des délais légaux

07/04/2021 Par Louise Claereboudt
Santé publique
A l’occasion des 50 ans du Manifeste “343”, 343 femmes, déclarant avoir déjà avorté, exigent, dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, l'allongement des délais légaux d'accès à l’interruption volontaire de grossesse au-delà de 12 semaines.

  “Nous n’avons pas encore acquis la propriété pleine et entière de nos corps, déplorent, amères, 343 femmes ou “personnes pouvant vivre une grossesse” dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche. Le patriarcat freine nos choix, nos possibilités de disposer librement de nos corps. Par rapport à l'avortement la loi en a fixé la limite : douze semaines de grossesse. Au-delà, les recours sont limités et conditionnés.” Cinquante ans après la publication du Manifeste”343”, -un texte signé par 343 femmes célèbres ou anonymes déclarant avoir avorté illégalement pour faire évoluer la législation-, les signataires de cette nouvelle tribune (chanteuses, militantes féministes, journalistes, médecins…), dont Caroline De Haas, Alexandra Lamy, Assa Traoré ou encore Najat Vallaud-Belkacem, réaffirment leur volonté de défendre les droits des femmes. “De 1971 à 2021, d'un manifeste à l'autre, le droit à l'avortement est un droit toujours à conquérir.”  

 

  Malgré de multiples évolutions obtenues dans la lutte depuis sa légalisation, permise par la loi Veil du 17 janvier 1975, -le remboursement total, l’accès gratuit et confidentiel pour les mineures, la suppression de la notion de détresse ou encore du délai de réflexion et le délit d’entrave à l’IVG-, ces femmes regrettent la persistance d’importantes difficultés d’accès à ce droit : “désinformation”, la “propagande anti choix”, la “carence de services hospitaliers de proximité”, etc.   1 femme sur 3 Alors qu’“une femme sur trois recourt à une interruption volontaire de grossesse” dans sa vie -plus de 210.000 avortements sont réalisés en France chaque année, les signataires de la tribune réclame l’allongement des délais légaux d'accès à l'IVG, aujourd’hui fixé à 12 semaines de grossesse, constatant que les recours sont aujourd’hui encore “limités et conditionnés”, “conditionnés aux médecins qui statuent alors sur la ‘nécessité médicale’ d'interrompre une grossesse”. Selon les 343 femmes signataires, pour qui “l’avortement n'est pas un problème” mais “une solution dans une situation de grossesse non désirée”, les difficultés sont d’autant plus importantes “pour les mineures, les pauvres, les migrantes, les exclues”. Des femmes qui, de part leur situation socio-économique, ne pourront pas se rendre à l’étranger “dans des pays dont les législations plus progressistes leur permettront d'avorter dans des conditions sécurisées en respect de leur choix”. Environ 2.000 femmes partent à l’étranger chaque année pour avorter car elles ont dépassé le délai légal en France. “Enfin, il y a, privées de leur droit à disposer de leur corps, ces femmes forcées à poursuivre une grossesse non désirée. Cette violence est infligée dans le silence et l'indifférence. En solidarité avec toutes ces femmes, je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. En France. À l'étranger. Au-delà du délai légal français. Je pourrais être l'une d'entre elles. Je suis solidaire”, concluent ces femmes qui réclament par ailleurs “la réelle maîtrise de [leur] corps, le respect de [leur] corps, de [leurs] droits et de [leurs] choix”. En janvier dernier, le Sénat, à majorité de droite, avait rejeté une proposition de loi visant à renforcer le droit à l’avortement, allongeant notamment le délai légal d’accès à l’avortement de 12 à 14 semaines de grossesse et supprimant la double clause de conscience spécifique à l’IVG. Face aux multiples amendements de la droite, le projet de loi avait finalement été retiré de l'ordre du jour de l'Assemblée nationale en mi-février.   [avec le Journal du dimanche]

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