Le FN aux médecins : "Avec Macron, vous allez devenir des prestataires au service de groupes financiers"

24/04/2017 Par Fanny Napolier

Satisfaite de voir Marine Le Pen au second tour, le Dr Joëlle Mélin, généraliste retraitée et députée européenne, sait que la victoire est encore loin. Pour convaincre les médecins, elle agite le chiffon rouge de la finance, promet un exercice libéral respecté et rappelle que les professionnels de santé sont au cœur du maillage territorial.

  En tant que médecin et élue FN, comment avez-vous vécu l'arrivée de Marine Le Pen au second tour ? C'est une grande satisfaction de voir Marine au deuxième tour, avec un score qui est franchement augmenté par rapport aux dernières élections présidentielles. C'est la confirmation des derniers différents votes, aux élections cantonales, départementales, régionales… Nous sommes dans une augmentation permanente. Il va falloir rassembler maintenant, pour que Marine Le Pen soit élue, et trouver une majorité de gouvernement. Je note que sur les 11 candidats, plus de 8 avaient exprimé leurs doutes absolus sur l'Europe. Moi-même député européen, je peux témoigner de la véritable dissolution des Etats, des nations et surtout des spécificités nationales dans les projets de l'Europe. Et Monsieur Macron étant le représentant de cette Europe-là, celle qui fait dissoudre tous les repères, qui veut déréglementer… je ne peux donc pas penser qu'on soutienne Monsieur Macron dès l'instant où on a au cœur l'identité de la France. En tant que médecin, je vais, aux côtés de Marine, renforcer notre parole à l'égard des usagers de santé. C'est eux qui sont au cœur de notre attention, avec bien sûr, les professionnels de santé qui souffrent énormément. Ils ont déjà vu une partie de la profession attaquée par des lois de déréglementation et ils ne savent pas encore à quelle sauce ils vont être mangés. Malheureusement, nous, nous le savons et c'est la disparition du service de santé à la française qui se profile avec Emmanuel Macron.   Il semble que le vote des médecins au second tour se porte plus sur Emmanuel Macron que sur Marine Le Pen. Que leur diriez-vous pour les faire changer d'avis ? Je veux leur dire que eux, qui sont des personnes naturellement tournées vers les autres, mais aussi avec une grande conscience corporative, qui ont conscience que leur profession est bousculée, que leurs cœurs de métier ont été déplacés… Je leur dis d'aller voir de plus près ce que fait Monsieur Macron, ce qu'il propose réellement, derrière ce nuage de fumée d'un langage qui voudrait dire tout et le contraire de tout. Il a par la loi Macron et la loi El Khomri mis en place des systèmes ultra-libéraux où certains tiraient les ficelles, comme l'industrie pharmaceutique. Et les professions de santé vont être totalement dérèglementées et vont se retrouver à être captées par de grands groupes financiers. C'est ce qu'il s'est déjà produit pour les cliniques privées, pour toutes les maisons de retraites, pour les laboratoires de biologie médicale. Je leur dis attention, vous allez bientôt disparaître et ne devenir que des prestataires de service de grands groupes financiers.   Quels sont les points de votre programme que vous souhaitez mettre en avant pour convaincre les médecins au second tour ? Nous avons un projet qui n'a pas pu être exposé très largement compte tenu du caractère extrêmement étrange de cette campagne où tout a été brouillé. Nous avons une véritable vision du financement de la Sécurité sociale mais aussi de toute la protection sociale, de sa pérennité, des réelles dépenses qu'il faut faire et de la réelle valeur de la santé à la française. Dans cette santé à la française, il faut que tous les professionnels de santé restent soit des libéraux bien honorés qui ont la possibilité de faire leur métier en toute liberté et en toute initiative, soit des agents hospitaliers et qu'ils auront un hôpital qui sera préservé. Nous tenons à la fonction publique, nous y mettrons les moyens humains, financiers et stratégiques qui seront nécessaires. C'est l'hôpital, ce sont les cliniques, les médecins de ville, les kinésithérapeutes, les pharmacies d'officine, les laboratoires de biologie médicale qui assureront le maillage territorial et nous comptons sur eux pour être des soutiens et des relais locaux. Nous ferons donc tout pour qu'ils travaillent dans les conditions les plus faciles et les plus profitables et qu'ils puissent donner tous les soins nécessaires sur le territoire.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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