La France est en guerre. En guerre contre le Covid, ainsi que l’affirmait Emmanuel Macron le 16 mars dernier lors de l’annonce du premier confinement. Depuis, le Gouvernement se targue d’avoir multiplié ses efforts sur tous les fronts : masques, dépistage, traçage. Et désormais, la vaccination. Or, beaucoup de professionnels de santé et d’élus de tous bords dénoncent sa mise en place beaucoup trop longue et laborieuse. A la date du 4 janvier, seules 516 personnes ont reçu une injection dans l'hexagone, selon les données de CovidTracker.
S’il a promis lors de son allocution du 31 décembre qu’il ne tolérerait “aucune lenteur injustifiée” dans la vaccination, Emmanuel Macron se montre visiblement plus fébrile en coulisses, d’après des propos rapportés par le Journal du Dimanche. “Nous sommes sur un rythme de promenade de famille, et ce n’est à la hauteur ni du moment, ni des Français”, s’est ainsi énervé le chef de l’Etat allant jusqu’à marteler au téléphone à divers interlocuteurs : “Moi, je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit.”
“Ca va changer vite et fort”
Emmanuel Macron attend de ses équipes un engagement similaire. “Or là, ça ne va pas. Ça doit changer vite et fort, et ça va changer vite et fort”, assure-t-il également en coulisses. Établissant un parallèle avec les Etats-Unis, qui “auront eu plus de morts du Covid que durant la Seconde Guerre mondiale”, il jure aussi que la France “peut et doit gagner cette guerre” et qu’elle “la gagnera”, rapporte le JDD. L’un des points qui agace le plus le président ? Que les médecins volontaires ne puissent pas se faire vacciner immédiatement pour donner l’exemple à leurs patients. Ce qui explique d’ailleurs le changement de décision d’Olivier Véran, qui annonçait le 30 décembre que les professionnels de santé de plus de 50 ans et à risque pourraient se faire vacciner en priorité.
Lors du conseil de défense organisé la semaine dernière, les membres du Gouvernement ont d’ailleurs bien senti...
son mécontentement. “Il a été très clair sur le fait qu’il souhaitait qu’on accélère sur la vaccination. On assume notre choix éclairé par la Haute Autorité de santé de commencer par vacciner en Ehpad, en sachant que ça met plus de temps à démarrer pour des raisons médicales et logistiques”, confie à l’hebdomadaire un ministre.
Pour faire avancer les choses, Olivier Véran s’est entretenu hier avec les directeurs des ARS et Thomas Fatôme. A partir du milieu de semaine, la France recevra un demi-million de doses de vaccin chaque semaine.
Coup d'accélérateur dans les Ehpad
Du côté des Ehpad aussi, les choses pourraient aller plus vite. Selon le JDD, le Gouvernement aimerait avoir proposé au moins une injection à l’ensemble des résidents d’ici début février. Se pose donc en coulisses la question du délai de plusieurs jours nécessaire à la consultation pré-vaccinale, au recueil du consentement, à l'acheminenemt des doses et à l’injection, pour les équipes de Véran. D’après un proche du ministre, Olivier Véran aurait mis un “énorme coup de pression” à ses interlocuteurs en leur expliquant que “le consentement peut être oral, au moment de la consultation”.
Par ailleurs, ce lundi 4 janvier, une "réunion de suivi" est organisée avec Emanuel Macron, Jean Castex et Olivier Véran. Il s'agit "d'une réunion de travail et de suivi sur les vaccins" a indiqué l'Elysée sans plus de précisions. Un nouveau conseil de défense sanitaire et un Conseil des ministres sont prévus en principe mercredi.
La campagne de vaccination des Français contre le Covid-19 "doit probablement s'accélérer", mais en maintenant la même stratégie, a estimé lundi la Pr Elisabeth Bouvet sur France Inter, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS. "La stratégie reste: priorité sur les personnes les plus vulnérables, et les professionnels de santé, en élargissant quand on peut, si on a le nombre de doses nécessaire", a-t-elle poursuivi. Pas question donc, d'administrer le vaccin aux volontaires en priorité : "Compte tenu du nombre de doses qui, je le rappelle, est limité actuellement, on ne peut pas le distribuer comme ça aux gens qui en ont envie, alors qu'ils n'ont pas de risques", a affirmé l'infectiologie. Interrogée sur le rythme de cette vaccination, elle a répondu que ce n'était pas le choix de cette institution qui conseillait le Gouvernement. "Il n'a jamais été demandé qu'il y ait cette lenteur", a-t-elle dit. Mais selon elle, les critiques sont trop virulentes. "Je crois qu'il faut être extrêmement positif et rappeler les éléments optimistes de cette vaccination et arrêter de se flageller, de la même manière qu'aujourd'hui il faut arrêter de dire que c'est un désastre", a-t-elle souligné. "Il ne faut pas exagérer : on a commencé de vacciner il y a une semaine, on ne peut quand même pas parler de désastre".
[avec AFP]
[avec Le Journal du dimanche]
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