La crise des opiacés s'apprête-t-elle à traverser l'Atlantique ? C'est la crainte qu'expriment 90 médecins et professionnels de santé d'addictologie dans une tribune publiée le 23 juin dans Le Journal du dimanche. Responsable de centaines de milliers de morts en Amérique du nord (72 000 décès en 2017 rien qu'aux États-Unis), la surprescription d'opiacés pourrait selon eux concerner la France. "Douze millions de Français utilisent des médicaments opiacés, sans être alertés sur leur potentiel addictif et sur les risques d'overdose. Les hospitalisations pour ce motif ont doublé, les décès triplé", écrivent-t-ils. Les signataires comptent des figures bien connues de l'addictologie, telles que le Dr William Lowenstein (président SOS Addictions), le Pr Amine Benyamina (chef du service d'addictologie de Paul Brousse) ou encore Jean-Pierre Couteron (porte-parole de la fédération Addictions). L'addictologie française en faillite structurelle Les 90 médecins pointent un "dysfonctionnement structurel" de l'addictologie française : le champ s'est historiquement construit comme une spécialité hospitalière, "parfois dans l'oubli de ses dimensions non médicales". "Les résultats sont éloquents : 52% des généralistes déclarent traiter différemment leurs patients souffrant d'addiction des autres et nous manquons de ponts entre addictologie et médecines du travail ou scolaire", indiquent-ils.
Pour prévenir le risque d'une crise des opiacés hexagonale, ils proposent trois mesures "urgentes et complémentaires" : étendre l'accès à la naxolone, continuer de décloisonner le monde de l'addictologie et initier "une vaste campagne de prévention au niveau de la menace sanitaire à laquelle nous sommes exposés"
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