Panorama de la Santé 2017 : les faiblesses de la France

14/11/2017 Par Marielle Ammouche
Santé publique

Trop d’antibiotiques, pas assez de vaccination, la chirurgie ambulatoire en retard, alcoolisme et tabagisme... font partie des faiblesses de la France en matière de santé, en comparaison des autres pays de l’Ocde.

  Le Panorama de la santé de l’organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), qui analyse et compare les données de santé des différents pays membres de cette institution, apporte un éclairage important dans de nombreux domaines sanitaires et permet de dresser un tableau des forces et des faiblesses de chaque pays… Avec son lot de surprises. L’Ocde rassemble 35 pays, généralement riches, mais comporte aussi des pays émergeants tel que le Mexique ou le Costa Rica. L’édition 2017 du Panorama de la santé indique que, depuis 1970, l’espérance de vie à la naissance a progressé de plus de 10 ans dans tous les pays de l’Ocde. Actuellement, elle est en moyenne de 80,6 ans, avec un maximum au Japon (83.9 ans), en Espagne et en Suisse (83 ans dans les deux cas), et un minimum en Lettonie (74,6 ans) et au Mexique (75 ans). La France occupe la 6ème place avec une espérance de vie de 82,4 ans. Les Etats-Unis sont en dessous de la moyenne avec 78,8 ans, derrière le Costa Rica (79,6) ou le Chili (79,1 ans). Et parmi les pays non membres de l'Ocde mais partenaires, l'Afrique du Sud a une espérance de vie dramatiquement basse avec 57,4 ans, essentiellement à cause du sida. Le rapport souligne aussi que "dans tous les pays de l'Ocde, l'écart d'espérance de vie entre les hommes et les femmes demeure prononcé" : 77,9 ans pour les premiers en moyenne et 83,1 ans pour les secondes, soit une différence de plus de 5 ans. L’organisation mondiale explique que de nombreux éléments influencent l’espérance de vie. Il s’agit en premier lieu des facteurs de risque. Ainsi, "une diminution de moitié des taux de tabagisme et de la consommation d’alcool se traduirait par un gain d’espérance de vie de 13 mois", affirme l’Ocde. Sur ce plan, le France affiche de réelles faiblesses. En effet, 22,4% des Français de plus de 15 ans fument (contre 18,4% en moyenne dans l'Ocde). Et près d'un jeune de 15 ans sur cinq fume au moins une fois par semaine en France (19%, contre 12 en moyenne ailleurs). Les taux les plus élevés sont recensés en Turquie, en Grèce et en Hongrie, et les plus faibles au Mexique. La consommation d’alcool des Français s’élèverait à 11,9 litres d'alcool pur par an (contre 9 pour l’ensemble de l’Ocde, ce qui correspond à 100 litres de vin environ). La France occupe la 4ème position dans ce domaine. "La consommation d’alcool a diminué depuis 2000 dans les pays de l’Ocde pris dans leur ensemble, mais elle a augmenté dans 13 pays sur la même période, dont la Belgique, l’Islande, la Lettonie et la Pologne" précise l’Ocde. Et le binge drinking concernerait régulièrement un adulte sur cinq. En revanche, les indicateurs français sont plutôt positifs concernant le surpoids, qui est de 49% en France, contre 54% dans l’Ocde (dont 19% de personnes obèses). Les taux d’obésité sont supérieurs à 30 % en Hongrie, en Nouvelle-Zélande, au Mexique et aux États-Unis, pays dans lequel le taux d’obésité atteints 38,2%. Les niveaux de pollution seraient aussi plus favorables en France, avec une exposition annuelle moyenne aux particules évaluée à 12,4 microgrammes/m3, contre 15,1 dans la moyenne dans l'Ocde.   Des pistes pour améliorer la qualité des soins   Mais gros point noir en France : les antibiotiques. "L’utilisation des antibiotiques est supérieure de près de 50 % à la moyenne des pays de l’Ocde, avec une consommation de près de 30 doses quotidiennes définies pour 1 000 habitants (contre 20 en moyenne)", détaillent les auteurs du rapport. Leur consommation est 3 fois moins importante aux Pays-Bas. Le volume total d’antibiotiques prescrits a légèrement progressé entre 2010 et 2015. "Les antibiotiques ne devraient être prescrits qu’en cas de nécessité impérative", insiste l’Ocde. L’organisation mondiale souligne par ailleurs l’insuffisance de la couverture vaccinale en France. C’est le cas, en particulier pour la rougeole, dont le taux de vaccination des enfants est parmi les plus faibles des pays de l’Ocde, avec en 2015, 9 % des enfants âgés de un an en France non vaccinés contre cette infection, contre seulement 5 % en moyenne dans les pays de l’Ocde. C’est le cas aussi pour l’hépatite B, la France se classant en avant-dernière position devant le Mexique, ou encore pour la grippe. L’Ocde affirme que "la France doit renforcer sa stratégie vaccinale pour accroître ses taux de vaccination" et que l’entrée en vigueur des onze vaccins obligatoires va dans ce sens. Globalement, sur le plan de la qualité des soins, les indicateurs sont généralement bons, et les dépenses de santé par habitant sont 15 % supérieures à la moyenne des pays de l’Ocde, avec une dépense moyenne de 4 600 dollars américains par résident. En proportion du PIB, les dépenses de santé en France sont au 5ème rang (après les États-Unis, la Suisse, l’Allemagne et la Suède). Et "grâce à la sécurité sociale et aux dispositifs de couvertures complémentaires, les dépenses restant à la charge des patients en France sont les plus faibles parmi les pays de l’Ocde, ne représentant que 7 % des dépenses totales de santé", soulignent les auteurs du rapport. Encore faut-il que ces ressources soient employées de façon opportune. "On observe ainsi que le lien unissant évolution des dépenses de santé et niveaux d’espérance de vie varie fortement : par exemple, les États-Unis ont bien plus augmenté leurs dépenses de santé que d’autres pays depuis 1995, mais ont enregistré des gains d’espérance de vie plus faibles", explique l’Ocde.   Maximiser les ressources   "La réduction des dépenses à faible valeur ajoutée est essentielle pour maximiser les résultats des ressources publiques consacrées à la santé, et le Panorama de la santé décrit plusieurs domaines pour lesquels l’efficacité pourrait être renforcée", ajoute l’organisation. Elle cite en exemple le cas des génériques, qui représentent aujourd’hui plus de 75 % des ventes en volume de produits pharmaceutiques aux États-Unis, au Chili, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni (52% en moyenne sur l’ensemble des pays de l’Ocde), contre moins de 25 % au Luxembourg, en Italie, en Suisse et en Grèce. La France est mauvaise élève dans ce domaine, la part des génériques représentant uniquement 30% du marché. Elle se situe à la 24ème place. Autre point d’économie, la prise en charge des interventions chirurgicales mineures en ambulatoire. "90 % ou plus des opérations de la cataracte sont désormais assurées en chirurgie ambulatoire dans 20 des 28 pays de l’OCDE ayant fourni des données comparables", affirme-t-elle. C’est le cas en France. Cependant, des progrès restent à faire dans ce domaine. Ainsi, en 2015, moins du quart des opérations pour l’ablation des amygdales s’effectuaient en chirurgie de jour, contre plus du tiers en moyenne dans les pays de l’Ocde et plus des deux tiers en Belgique, au Canada, en Suède et en Finlande. Plus largement, la durée moyenne de séjour en France demeure la troisième plus élevée des pays de l’Ocde (derrière le Japon et la Corée).  Au final, "dans la plupart des pays de l’Ocde, les hospitalisations potentiellement évitables en lien avec des pathologies chroniques comme le diabète et l’asthme ont diminué, ce qui dénote une amélioration de la qualité des soins de santé primaires" affirme le rapport. La mortalité liée à un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral (AVC) est en recul. Les améliorations sont particulièrement marquantes en Finlande, pour les patients victimes d’un infarctus du myocarde, et en Australie, pour ceux victimes d’un AVC. Dans ce domaine des maladies chroniques, la France affiche des résultats légèrement supérieurs à la moyenne. Et les taux de survie à cinq ans sont de 85 % pour le cancer du sein, et d’un peu plus de 60 % pour les cancers du côlon et du rectum, les taux de survie s’améliorant dans la plupart des pays.  

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