Pas "des soins de confort" : huit anciens ministres de la Santé volent au secours de l’AME
Marisol Touraine, Agnès Buzyn, Frédéric Valletoux… Dans une tribune publiée ce vendredi 27 septembre dans Le Monde, huit anciens locataires de l’avenue de Ségur s’associent pour "rappeler l’importance du maintien de l’aide médicale de l’Etat", que l’actuel ministre de l’Intérieur souhaite réformer.
"L’AME ne constitue pas un facteur d’incitation à l’immigration dans notre pays, qui serait aux frais des Français. C’est un fantasme contraire aux faits, à nouveau clairement établis dans deux rapports solides élaborés en 2019 et 2023", écrivent, noir sur blanc, huit anciens ministres de la Santé, dans une tribune publiée ce vendredi dans le journal Le Monde.
Bien qu’"issus de différents courants de pensée", Roselyne Bachelot, Marisol Touraine, Agnès Buzyn, Olivier Véran, François Braun , Aurélien Rousseau, Agnès Firmin-Le Bodo et Frédéric Valletoux ont souhaité s’associer pour "rappeler l’importance du maintien de l’aide médicale d’Etat".
Un appel lancé quelques jours après que le nouveau ministre de l’Intérieur a clairement fait part de son intention de réformer le dispositif, sur le plateau de TF1. "Nous sommes un des pays européens qui donnons le plus d’avantages et je ne veux pas que la France se singularise, que la France soit le pays le plus attractif d'Europe pour un certain nombre de prestations sociales, d'accès aux soins", a affirmé Bruno Retailleau, ce lundi 23 septembre.
AME : &"On la réforme (...) Je ne veux pas que la France soit le pays le plus attractif d'Europe pour un certain nombre de prestations sociales d'accès aux soins."
Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau), ministre de l’Intérieur, invité de @GillesBouleau sur TF1 pic.twitter.com/72XY6n7Or5— TF1Info (@TF1Info) September 23, 2024
Si la droite et l’extrême droit jugent que l’AME crée un "appel d’air" migratoire et veulent ainsi réduire le panier de soins dont peuvent bénéficier les étrangers en situation irrégulière, les anciens locataires de l’avenue de Ségur soulignent que le dispositif "ne concerne pas des soins de confort, susceptibles d’attirer une immigration dont les causes sont évidemment plus diverses et complexes". Et rappellent qu’il "se limite à un périmètre précis de soins", permettant "la prise en charge anticipée de pathologies dont la dégradation présente des répercussions décuplées".
"Affaiblir" l’AME aurait pour conséquence d’"exposer notre système de santé à une pression accrue de prises en charge plus tardives et donc plus graves et plus coûteuse", alertent ces ex-ministres. Restreindre ses conditions d’accès "obligerait les bénéficiaires à consulter plus tard, avec un état de santé dégradé, et donc nécessitant des soins plus lourds", ce qui constituerait "un piège pour nos hôpitaux et nos finances publiques", écrivent les auteurs de la tribune, rappelant que "la prise en charge d’un bénéficiaire coûte sept fois plus cher à l’hôpital qu’en médecine de ville".
En outre, ajoutent-ils, l’aide médicale d’Etat est "la prestation sociale suivie par l’Assurance-maladie avec le taux de contrôle le plus élevé, et fait l’objet d’une attention toute particulière".
"Toucher à l’aide médicale de l’Etat va à rebours de la logique même des politiques de santé publique que nous avons mises en place"
Les huit ministres, dont plusieurs ont exercé des professions médicales avant d’arriver à ce poste, estiment qu’"affaiblir" l’AME revient à "désinvestir le champ de la prévention" (vaccination, dépistages…). "De fait un tel recul crée un risque sur la santé publique de tous nos concitoyens, notamment infectieux. Sur un même territoire, la santé des uns participe de celle des autres. Toucher à l’aide médicale de l’Etat va à rebours de la logique même des politiques de santé publique que nous avons mises en place", signalent-ils.
Ils mettent en garde l’exécutif : "Sans permettre de réduire l’immigration illégale, remettre en cause l’aide médicale de l’Etat aurait des conséquences sanitaires, humaines, sociales et économiques inacceptables."
[avec Le Monde]
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