Figure de favori en 2017 pour prendre la tête du ministère de la Santé, ce n'est qu'aujourd'hui que le député LREM accède à ce poste tant convoité. Il succède à Agnès Buzyn, émue aux larmes lors la passation de pouvoir. "Quitter ce ministère est un déchirement", "j’ai certainement vécu l’une de mes plus belles aventures humaines", a confié l'ex-Ministre lors du passage de relais à Olivier Véran. Ce dernier a annoncé qu'il lancerait "dans les prochains jours" une enquête nationale auprès du personnel hospitalier pour connaître notamment les raisons du "mal-être" dans ce secteur en grève depuis près d'un an. L’épidémie de nouveau coronavirus sera par ailleurs la priorité numéro 1 du ministère a assuré Olivier Véran.
A bientôt 40 ans, le nouveau Ministre connaît parfaitement ses dossiers qu'il défend sans langue de bois. Et il n'a pas chômé. Il occupait depuis deux ans et demi le poste stratégique de rapporteur général de la commission des affaires sociales. Il est à l'origine de l'expérimentation du forfait de réorientation des urgences, sur lequel il s'exprimait dans les colonnes d'Egora la semaine dernière. Sur ce sujet, il n'a pas hésité à tacler "le côté un peu réac des médecins" s'opposant souvent selon lui aux mesures innovantes "avant de chercher forcément à comprendre le sens des choses". Il a aussi défendu l’expérimentation du cannabis thérapeutique ou fait voter la création d’une taxe modulable sur les boissons gazeuses sucrées. Le Dr Olivier Véran a également été le premier rapporteur général du budget de la Sécurité sociale...
à l'Assemblée nationale, puisque le poste a été créé en 2014. "Je vais avoir en charge les recettes et les dépenses pour tout ce qui relèvera de l'assurance maladie, du handicap, de la vieillesse, du travail ou de la famille. Je vais également avoir une compétence qui va être le contrôle sur pièces et sur place. Je pourrai aller contrôler des administrations, y compris les ministères. Je pourrai consulter sur place les documents qui pourront m'être utiles dans ma mission", commentait alors le neurologue. Depuis quelques semaines, Olivier Véran endossait la fonction de rapporteur du volet organique de la réforme des retraites. La carrière politique d'Olivier Véran a été fulgurante. Député socialiste de 2012 à 2015, à la suite de l’entrée au gouvernement de Geneviève Fioraso dont il était le suppléant, il rejoint Emmanuel Macron pour la bataille des présidentielle en 2016 et fait figure de "Monsieur Santé" du candidat. En juin 2017, il est élu député de l’Isère pour LREM. Proche des médecins, facilement accessible sur les réseaux sociaux, le Dr Véran est un ancien porte-parole de l'ISNI. Il s'est battu notamment pour le respect des conditions de travail des internes. "Je me souviens de ma deuxième assemblée générale où je représentais Grenoble, c'est la fois où la grève a été votée. Je me suis donc retrouvé à organiser localement la grève des internes, à participer à des manifestations, à rencontrer les députés", confiait-il à Egora en 2017. L'entrée au gouvernement d'Olivier Véran a été salué par les syndicats de médecins. "Aussi bien dans son parcours de médecin hospitalier que de parlementaire, notamment comme rapporteur général de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, Olivier Véran s’est toujours fortement impliqué dans les problématiques liées à la santé", relève la FHP. "Bien qu’un médecin hospitalier succède à un autre médecin hospitalier, le SML se souvient du passé syndical d’Olivier Véran à l’ISNI, ce qui constitue un atout pour faciliter le dialogue avec les syndicats médicaux nationaux représentatifs. De plus, en 2017, pendant la campagne des élections présidentielles, il fut le véritable artisan de la reprise de contact entre ce qui allait devenir la Majorité et les médecins libéraux", note le SML. De son côté "l’UFMLS souhaite courage et réussite à Olivier Veran nouveau ministre de la Santé et se tient à sa disposition si sa volonté est de mettre en place une réelle politique de santé". Engagé aux côtés des soignants, Olivier Véran aura la lourde tâche de gérer la crise de l'hôpital. "Dans le soin, on fait un métier fabuleux, mais on ne fait pas assez attention à nous. Il y a de la souffrance en ville et à l'hôpital. Mon premier boulot a été d'être aide-soignant à l'hôpital en psycho-gériatrie. J'ai fait ça de nuit pour payer mes études. Ça a été un boulot très dur. Je trouve qu'on ne porte pas une attention assez forte à ces très nombreux soignants qui prennent soin des autres. Il faut qu'on prenne soin d'eux aussi. J'ai envie de travailler à l'amélioration des relations et de la confiance avec eux. On ne peut pas changer en profondeur un système s'il n'y a pas de confiance. C'est pour moi l'impératif", analysait-il pour Egora en 2017.
En entrant dans ce Ministère, je ressens beaucoup de fierté mais aussi une immense responsabilité face à l’ampleur des enjeux qui m’attendent. J’y suis prêt ! pic.twitter.com/rc6rIh7RyL
— Olivier Véran (@olivierveran) February 17, 2020
Améliorer les conditions d'exercice de tous les soignants, mener à bien la réforme des #retraites, faire que le pays des Lumières ne soit plus celui des inégalités, mieux prendre en compte la santé environnementale, etc. Les défis sont immenses, ma détermination aussi ! pic.twitter.com/EhvF1ubs45
— Olivier Véran (@olivierveran) February 17, 2020
Marié à une gynécologue obstétricienne et père de deux enfants, le nouveau Ministre a juré à sa femme qu'il ne ferait pas de politique toute sa vie. Professionnels de santé, quelles sont vos attentes quant aux actions et réformes que mènera Olivier Véran ? Êtes-vous satisfaits de sa nomination ? Nous vous invitons à donner votre avis ici. La parole est à vous.
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