Divergence de vues au sommet de l’Etat. D’un côté, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui, le week-end dernier dans Le Parisien, s’est prononcé “à titre personnel”, en faveur de la transformation de l’aide médicale d’Etat (AME) en aide médicale d’urgence (AMU). De l’autre, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, qui lui serait hostile à la restriction de l’AME aux seuls soins urgents, fait savoir le service politique de France Info, dans son “brief politique”.
Selon les indiscrets du média, l’entourage du ministre de la Santé rapporte que ce serait du “perdant-perdant”. Il fait déjà valoir que l’AME - couverture intégrale des frais de santé accordée aux étrangers présents en France depuis au moins trois mois - protège non seulement les étrangers en situation irrégulière, mais aussi la santé publique de l’ensemble de la population française contre les épidémies qui pourraient se propager si les patients ne se font pas soigner par peur de devoir payer le médecin.
Il met aussi en avant qu’il ne faut pas fragiliser l’accès des personnes vulnérables aux droits les plus essentiels, et qu’il faut soigner suffisamment tôt au lieu d’intervenir quand il est trop tard. Le risque est également que, sans AME garantie, les étrangers désertent les cabinets médicaux et se replient sur les urgences, déjà engorgées, ce qui coûterait plus cher.
Ce mardi 10 octobre, l'ancien locataire de l'avenue de Ségur, Olivier Véran, a lui aussi exprimé, sur France Info, "un vrai désaccord" avec Gérald Darmanin. "Je suis médecin, je sais à peu près de quoi je parle", a lancé l'ancien ministre de la Santé, neurologue de profession, martelant son "soutien" à l'AME qui, selon lui, n'est "pas en cause dans l'immigration illégale" et "ne constitue pas un appel d'air pour les étrangers en situation irrégulière".
Pour rappel, dimanche, en réaction à la déclaration de Gérald Darmanin, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé la création d’une mission chargée “de faire le point sur ce dispositif” et de voir “si des adaptations sont nécessaires”.
La restriction de l’AME est une demande de la droite, qui a déjà voté en commission des lois au Sénat en mars dernier la transformation de l’AME en AMU dans le projet de loi immigration. Les discussions reprendront le 6 novembre.
[Avec France Info et l'AFP]
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