Urgences privées : "On pourrait accueillir deux fois plus de patients"
"D'un côté, vous avez des urgences publiques en tension forte, une difficulté sociale importante et une complexité de prise en charge lorsqu'il y a 250-300 passages en 24 heures. Et d'un autre côté, avez un secteur privé, avec 120 services absolument pas débordés", a relevé Lamine Gharbi, président de la FHP, lors d'une conférence de presse ce jeudi 12 septembre. "A titre personnel, j'ai quatre services d'urgences et on a passé un été dans la norme, sans aucun pic. Même la canicule à 46 degrés aux alentours de Montpellier n'a pas entrainé de tensions." Pour le syndicat des cliniques et hôpitaux privés, c'est le signe d'un "problème de régulation et de connaissance de la part de la population sur notre capacité à prendre en charge les urgences", et ce en "tiers payant intégral" et "sans dépassement d'honoraires", a tenu à rappeler Lamine Gharbi. Reconnaissant des dérives dans la sélection des patients, le président de la FHP a souligné qu'une charte "zéro refus" était en cours de diffusion dans les établissements. Les 120 services privés, qui prennent en charge 3 des 24 millions d'urgences annuelles, pourraient en "accueillir deux fois plus", estime Lamine Gharbi, soit 50 patients supplémentaires par jour. "Ce serait une bouffée d'oxygène pour les hôpitaux publics." Des ARS "juges et parties" ? Problème : les services d'urgence privés ne sont pas harmonieusement répartis sur le territoire. Alors que l'Occitanie en compte 26, 42 départements en sont dépourvus. D'après la FHP, certaines ARS rechignent à accorder des autorisations pour ne pas faire concurrence aux hôpitaux publics, dans un contexte budgétaire difficile. "Les ARS sont juges et parties", dénonce Lamine Gharbi. Une cinquantaine d'établissements accueilleraient déjà les urgences sans autorisation officielle.
Comme son homologue de la FHF, Lamine Gharbi a milité pour que les 750 millions d'euros promis par Agnès Buzyn en réponse à la crise des urgences donnent lieu à un relèvement de l'Ondam 2020. "Il suffirait de l'augmenter de 0,1 point, plaide-t-il. Sinon, soit c'est la ville qui compense, soit c'est l'hôpital et ce sera surtout l'hôpital puisque les enveloppes ne sont pas fongibles." Saluant les engagements tenus par la ministre de la Santé cette année – première augmentation des tarifs du privé en huit ans, restitution des crédits gelés –, le président de la FHP a appelé les pouvoirs publics à ne pas "rompre avec cette dynamique" dans le prochain PLFSS en indexant les tarifs sur l'inflation et en supprimant la taxe sur les salaires, qui est un "frein à l'embauche".
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