La recherche est un chemin semé d'embûches, où les tentations sont légion : enterrer les résultats négatifs, faire évoluer les protocoles en cours d'étude, "arranger" les données, etc. Face à ce constat, des initiatives s'organisent afin de réclamer davantage de transparence dans la recherche clinique. C'est dans cette optique que depuis 2014, tous les essais cliniques européens doivent faire l'objet d'un inscription préalable au registre EUCTR. Mais cette obligation, et les bonnes pratiques qu'elle implique, reste trop souvent lettre morte. Un collectif de quatre organisations de défense de la transparence dans la recherche clinique (l'anglais TranspariMED, l'allemand BUKO Pharma-Kampagne, le flamand Test Aankoop et le néerlandais Health Action International), vient de publier un rapport qui montre à quel point le chemin est encore long. Les associations ont établi que sur 940 essais européens, seuls 162 (17 %) ont fait l'objet d'une inscription préalable au registre EUCTR. La France fait figure de mauvais élève : aucun essai clinique n'avait été versé au registre européen par les deux institutions retenues (AP-HP et HCL). Bonnet d'âne aussi pour les Pays-Bas, l'Italie, la Norvège et la Suède, tous à 0% d'essais enregistrés. Quant aux autres pays européens évalués, ils ne font pas beaucoup mieux. Entre le Danemark (10 %), les Pays-Bas (8 %), la Belgique (4 %) et l'Allemagne (2,5 %), le taux moyen d'enregistrement est de 8 %. Seules les universités britanniques (Oxford, UCL, King's College, Birmingham) tirent leur épingle du jeu, qui déclarent au total 69 % de leurs essais cliniques. Les cinq piliers de la transparence Pourquoi les Britanniques sont-ils les seuls bons élèves de la classe ? Le rapport évoque plusieurs pistes : une pression de la part du Parlement (chaque doyen a reçu des instructions sur la nécessité d'inscrire les essais cliniques au registre européen), des organismes publics de financement qui conditionnent leurs subventions au respect des bonnes pratiques, et enfin un travail de lobbying important de la part des organisations militantes. Un rapport publié en 2017 par Transparency International et la fondation Cochrane rappelle les cinq piliers de la transparence en matière de recherche clinique : enregistrer tout essai avant qu'il ne débute, rendre publics les principaux résultats dès que possible, rapporter l'ensemble des résultats (via un rapport d'étude clinique), publier dans une revue même en cas de résultat négatif, et mettre les données individuelles à disposition.
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