"On ne tient pas à ce que l'État prenne nos caisses" : médecins, infirmières, kinés manifestent contre la réforme

03/02/2020 Par Louise Claereboudt & Marion Jort

Les professionnels de santé libéraux se sont mobilisés à Paris lundi 3 février contre la réforme des retraites. Ils dénoncent notamment la fin de leurs régimes autonomes et la hausse des cotisations.   Infirmières, kinésithérapeutes, orthophonistes, chirurgiens, généralistes… Les libéraux ont fait front commun ce lundi 3 février dans les rues de la capitale. Entourés de milliers de robes noires, les professionnels de santé, qui étaient une centaine, ont manifesté leur désaccord face à une réforme des retraites qu'ils jugent "dangereuse".  

  Principal point de crispation : la suppression des régimes autonomes, qui ne font ni appel à l'aide de l'Etat ni aux autres régimes, au profit d'un régime universel. Jérôme Marty, président de l''UFML-s, dénonce une volonté d'"étatiser" ces régimes. "On a été exclu du régime général quand il a été créé, on a géré nos caisses autonomes en bons pères de familles. On est bénéficiaires, on participe à la solidarité nationale en abondant des caisses qui, elles, sont déficitaires, et l'Etat entend mettre la main sur nos caisses alors qu'il est incapable de gérer nos professions, déplore-t-il. On ne tient pas à ce que l'Etat prenne nos caisses, les gère mal, et précipite un peu plus nos professions dans la chute alors qu'on la vit tous les jours avec les déserts médicaux et l'effondrement de l'hôpital."

 

Cette dépendance à l'Etat, Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), n'en veut pas non plus. "On est là pour que les médecins prennent conscience...

qu'en 2030, il n'y aura plus de réserve dans la caisse autonome des médecins et qu'ensuite on dépendra de la générosité et de la parole de l'Etat."   Hausse des charges Avec la fin des régimes autonomes, les kinés craignent également l'impact d'une hausse des cotisations. "Aujourd'hui, en ayant bien analysé tout ce qui nous a été proposé, on ne peut pas accepter cette réforme pour deux raisons : la première, c’est qu’elle va conduire à une augmentation de nos charges de 5 points. Il faut bien savoir qu’en tant que profession conventionnée, on ne peut pas répercuter cette hausse de charges sur nos tarifs. Et en parallèle, nos salaires ont subi un décrochage de 27 points depuis début 2000…" constate François Randazzo, président du syndicat des kinés.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Faute de pouvoir augmenter les tarifs, il faut augmenter son temps de travail, selon ce spécialiste. "Pour maintenir son niveau de revenu, un kiné qui travaillait 40 heures en 2000 devra travailler 51 heures aujourd’hui. Une nouvelle augmentation de nos charges va conduire à la fermeture de cabinets. Le deuxième point pour lequel on ne peut pas accepter cette réforme, c’est que la compensation de la hausse des cotisations de retraites via nos cotisations CGS va impacter la branche famille et maladie et de la sécurité sociale à hauteur de 2,8 milliards d’euros. Ça veut dire que le Gouvernement va rogner une nouvelle fois sur la qualité des soins."

 

Un peu plus loin dans le cortège, les infirmières et infirmiers partagent les mêmes inquiétudes. "Nous allons subir une augmentation très importante de nos cotisations pour nos retraites. Pour nous, c'est un doublement de nos cotisations : nous passons de 14 à 28,2%.  Aujourd'hui, pour nous, ça risque d'être vraiment très compliqué. Beaucoup d'infirmiers vont devoir arrêter leur activité demain. Une injection par exemple, c'est facturé 3,15 euros et 4,50 euros à domicile. Un déplacement représente 2,50 euros, 6,30 euros un pansement... A l'heure actuelle, nos charges sociales sont à hauteur de 45%. Demain, ça sera de 55%. Et 55% de nos 3,15... Ça ne fait pas beaucoup, demain il ne nous restera rien", explique Thierry Pechey de Convergence Infirmière. Au pied de la colonne de Juillet, place de la Bastille, Marie Poussant, psychomotricienne, ne désespère pas. "On espère pouvoir fédérer une union, et c'est uniquement tous ensemble qu'on y arrivera, déclare-t-elle, bonnet phrygien sur la tête. Au final, ce n'est pas pour nos retraites que l'on lutte mais pour notre système de justice et de santé."

 

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