"Carnet de santé privé" : Doctolib dénonce une campagne de dénigrement de la DNS
La tension monte entre la Délégation numérique en santé (DNS) et Doctolib depuis l'annonce du lancement, par la plateforme, d'une nouvelle fonctionnalité permettant de compiler tous les documents de santé. Pour cette administration rattachée au ministère de la Santé, ce dispositif pourrait concurrencer "Mon espace Santé". Le patron de Doctolib dénonce, lui, une "campagne de dénigrement nominative et mensongère orchestrée" par la DNS.
Le torchon continue de brûler entre Doctolib et la Délégation du numérique en santé (DNS). Cette querelle a débuté en novembre dernier. Le leader de la prise de rendez-vous médical annonçait le lancement de nouvelles fonctionnalités, dont l'une permettant aux utilisateurs de la plateforme de renseigner leurs documents et informations de santé, de les partager avec leurs proches ou professionnels de santé, et de bénéficier – à terme - de conseils de prévention personnalisés.
Mais ce nouveau dispositif ressemble fortement à "Mon espace santé", relancé par l'Assurance maladie en 2022, et qui compte désormais plus de quinze millions d'utilisateurs.
Le cofondateur de Doctolib s'est pourtant défendu de toute concurrence dans les colonnes du Monde, comme le relève France Inter. "Il ne s’agit pas de privatiser le 'carnet de santé numérique' ou de créer un autre coffre-fort numérique", a assuré Stanislas Niox-Château. "Nos logiciels sont les premiers contributeurs de la plateforme publique 'Mon espace santé'."
Depuis, des agents de la DNS aurait tenté de faire circuler auprès de plusieurs organisations de médecins et de patients une tribune pour les convaincre de la signer. Le texte pointait un risque de "privatisation du carnet de santé numérique" et de "financiarisation de notre système de santé". Le projet a finalement été abandonné.
Début décembre, lors du Comité de suivi du Ségur numérique de la DNS, une agente de cette administration rattachée au ministère de la Santé, et co-rédactrice de la fameuse tribune, a également "partagé son écran d’ordinateur à tous les membres de la réunion et deux documents sont apparus accidentellement", rapporte France Inter. L'un deux s'intitulait "Plan Action_DoctoMES" ; le second "EDL sur Santé à partager", pour éléments de langage sur la nouvelle fonctionnalité de Doctolib, détaillent nos confrères.
Des "erreurs de communication"
Cette dernière information n'a pas échappé aux dirigeants de la plateforme de prise de rendez-vous. Dans des courriers adressés au ministres de la Santé et de l'Economie, consultés par France Inter, Stanislas Niox-Château pointe une "campagne de dénigrement nominative et mensongère orchestrée par la DNS auprès d’une soixantaine d’acteurs clés de notre écosystème et des médias [qui] compromet la reprise sereine des négociations".
La DNS, elle, se défend, plaidant des "erreurs de communication" autour de la tribune. De son côté, le ministère de la Santé a rappelé à France Inter que "le devoir de neutralité auquel sont tenus tous les membres de la DNS comme de toute administration". Il ajoute qu'il est nécessaire de "poursuivre sereinement la collaboration fructueuse depuis déjà plusieurs années entre l'Etat et l'écosystème du numérique en santé dont Doctolib est un acteur essentiel".
[avec France Inter]
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