"Des milliers de personnes ont soudain cessé d'être considérées vulnérables" face au Covid : le coup de gueule d'un MG
"Plus fort que l’hydroxychloroquine. Là où la médecine patine, l'administration fait des miracles. Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2020, des milliers de personnes atteintes de pathologies vasculaires ou pulmonaires ont soudain cessé d'être considérées vulnérables au coronavirus", ironise le Dr Christian Lehmann, écrivain et médecin généraliste dans les Yvelines dans son "journal d'épidémie" publié par Libération.
Un décret paru dimanche au Journal officiel met fin à compter du 1er septembre au dispositif exceptionnel d'indemnisation dont bénéficiaient les travailleurs vulnérables depuis le 1er mai. Eux et leurs proches, après s'être fait prescrire un certificat d'isolement par leur médecin, pouvaient rester chez eux en télétravail ou, quand cela n'était pas possible, bénéficier du chômage partiel.
Le Gouvernement appuie sa décision sur le Haut Conseil de santé publique (HCSP), qui considère dans un avis du 23 juillet que les personnes à risque de forme grave de Covid-19 -sans exception- peuvent reprendre une activité professionnelle "sous réserve que leur soit donnée la possibilité de mettre en oeuvre les mesures barrières renforcées".
Devant l'inquiétude des associations de patients, le dispositif a finalement été maintenu pour "les plus fragiles des plus vulnérables, ceux qui présentent un risque élevé de développer une forme grave du Covid", selon le ministre de la Santé, Olivier Véran. Sont concernés les malades atteints d'un cancer évolutif, d'une immunodépression, d'une insuffisance rénale chronique sévère, dialysés et les
personnes de plus de 65 ans présentant un diabète associé à une obésité ou à des complications micro ou macrovasculaires. "Quel diabétique avec des complications vasculaires travaille au-delà de 65 ans ? (hors du milieu médical, s’entend)", s'interroge le Dr Lehmann. Pour le généraliste, "cette restriction montre bien à quel point...
la liste a été établie en dépit du bon sens, avec la volonté de feindre une bienveillance démentie dans les faits."
"Reste aux médecins à expliquer à leurs patients qu'il n'y a pas d'argent magique"
En revanche disparaissent de la liste les plus de 65 ans, les personnes ayant des antécédents cardiovasculaires, un diabète non équilibré, une pathologie chronique respiratoire ou encore une obésité.
Pour ces derniers, France Assos Santé réclame des "garanties" supplémentaires : maintien du télétravail quand c'est possible, "prise en charge du transport individuel" quand la distanciation physique n'est pas garantie dans les transports collectifs, "statut protecteur" contre les
licenciements pour ceux qui sont maintenus à l'isolement. Renaloo, représentant les patients dialysés et insuffisants rénaux, se dit "très réservée sur l'exclusion de certaines pathologies pourtant associées à un risque élevé avéré", comme l'obésité morbide et certaines affections cardiaques ou respiratoires.
Côté médecins, la Société de pneumologie de langue française (SPLF) déplore l'exclusion des patients insuffisants respiratoires chroniques au sens large, qui "pourrait avoir de graves répercussions". "Reste aux médecins à expliquer à leurs patients qu'il n'y a pas d'argent magique, qu'il faut retourner au travail 'quoiqu'il en coûte'", conclut le Dr Lehmann.
[avec AFP et Libération.fr]
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