Le pape François a recommandé dimanche 26 août le recours à la psychiatrie lorsque des parents constatent des penchants homosexuels dès l'enfance chez leur progéniture. Les associations de défense des droits des personnes LGBT et de lutte contre l'homophobie s'indignent.
Interrogé par un journaliste lors d'une conférence de presse donnée dans l'avion qui le ramenait d'Irlande à Rome sur ce qu'il dirait à des parents constatant les orientations homosexuelles de leur enfant, le pape a déclaré qu'il leur dirait "premièrement de prier, ne pas condamner, dialoguer, comprendre, donner une place au fils ou à la fille". Dans le même temps, Jorge Begoglio a estimé qu'il fallait tenir compte de l'âge des personnes : "Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C'est autre chose quand cela se manifeste après 20 ans (…) Je ne dirai jamais que le silence est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité." Cet étrange recours suggéré à la psychiatrie ne devrait pas manquer de faire réagir : le pape en revient-il vingt-huit ans en arrière, quand l’homosexualité était considérée comme une pathologie médicale ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a retirée de sa liste des maladies mentales le 17 mai 1990 (en France ce fut en 1981), et les prétendues "thérapies de conversion" d’homosexuels en hétérosexuels sont depuis longtemps déconsidérées – mais elles existent toujours, notamment en Chine, rappelle Le Nouvel Observateur. Le pape François avait paru tenir un discours sur l'homosexualité plus ouvert que ses prédécesseurs en déclarant, en juillet 2013 – également lors d’une conférence de presse en avion : "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?"Dans la même déclaration, il disait :"Le catéchisme de l'Eglise catholique dit très bien qu'on ne doit pas marginaliser ces personnes qui doivent être intégrées dans la société (…) Sur le lobby gay, je n'ai rien trouvé. Les lobbies ne sont pas bons", avait-il dit, citant en exemple les lobbies politiques ou francs-maçons. Il n'avait pas pour autant remis en cause la doctrine de l'Eglise qualifiant l'homosexualité d'acte "désordonné". Les associations de défense des droits LGBT en France (lesbiennes, gays, bi, trans) ont dénoncé ce lundi les propos "irresponsables" du pape. "Nous condamnons ces propos qui renvoient à l'idée que l'homosexualité est une maladie. Or, s'il y a une maladie, c'est cette homophobie ancrée dans la société qui persécute les personnes LGBT", a réagi auprès de l'AFP Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT. Ces paroles sont "choquantes car elles ciblent les enfants", a-t-elle poursuivi, rappelant que "des études ont démontré que le risque de suicide était plus élevé que la moyenne chez les jeunes LGBT". "Graves et irresponsables", ces propos "incitent à la haine des personnes LGBT dans nos sociétés déjà marquées par des niveaux élevés d'homophobie et de transphobie", a réagi de son côté SOS Homophobie sur Twitter. "J'aimerais que le pape François n'utilise pas les homosexuels pour qu'on cesse de parler des prêtres pédophiles", a pour sa part commenté Catherine Michaud, présidente de GayLib, mouvement LGBT de centre droit, qualifiant ses mots "d'irresponsables, outranciers et homophobes". "Il est très étonnant d'entendre régulièrement des conseils et des jugements moraux de l'Eglise" au sein de laquelle "certaines personnes sont incapables de dénoncer des actes pédocriminels commis par des prêtres, qui devraient être les premiers à bénéficier de soins psychiatriques", a dénoncé dans un communiqué l'Association des familles homoparentales (ADFH). [Avec l'AFP et Le Nouvel Observateur]
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