Alors que les pouvoirs publics se prononceront bientôt sur la reconduction de “maisons de naissance”, une étude d’un groupe de recherche indépendant vient de conclure que ces structures offraient “un niveau de sécurité satisfaisant”. Ces établissements autonomes accueillent les femmes enceintes jusqu’à leur accouchement physiologique dans un cadre moins médicalisé lorsqu’elles ne présentent aucun facteur de risque connu sous la responsabilité exclusive de sages-femmes. Ouvertes en 2016, il existe huit structures de ce type en France. Et selon ce rapport, elles "ont des résultats comparables" aux maisons de naissance des autres pays à niveau de vie élevé, avec notamment "des complications maternelles peu voire très peu fréquentes" et "une très faible fréquence d'interventions" au cours du travail. Ses auteures, six spécialistes en santé publique, de l'Inserm et du CNRS notamment, ont passé au crible les cas de 649 femmes prises en charge en 2018 par ces structures, autorisées à titre expérimental en novembre 2015 pour une durée de cinq ans. L'étude constate tout d'abord que 99% de ces femmes "respectaient les critères d'éligibilité" (pas de facteur de risque tels qu'une pathologie pendant la grossesse, une obésité, des antécédents familiaux ou chirurgicaux, une grossesse gémellaire...). "506 y ont effectivement accouché et 143 ont été transférées et ont accouché dans les maternités partenaires", soit 22% du total, en très grande majorité pour des situations à risque de complications mais sans urgence, telles que la non-progression du travail, ou pour une "prise en charge médicamenteuse de la douleur". Des complications peu fréquentes Parmi les femmes qui ont accouché en maison de naissance, "on notait moins de 3% de rupture artificielle de la poche des eaux, moins de 2% d'épisiotomies (...) et une position librement choisie au moment de l'accouchement avec seulement 6% des femmes allongées sur le dos", ajoute l'étude. Par ailleurs, les complications maternelles (lésions sévères du périnée, hémorragies sévères...) tout comme celles chez les nouveaux-nés (nécessité d'une réanimation) ont été très peu fréquentes. Et chez les enfants ayant subi des complications - dont un décès -, aucun dossier "ne présentait de facteur de risque spécifique" qui aurait justifié un transfert vers la maternité avant la naissance. Les chercheuses soulignent toutefois que pour conclure de façon certaine à la sécurité de ces lieux, il faudrait pouvoir comparer un groupe de femmes prises en charge en maison de naissance avec un groupe de femmes de profil comparable (grossesse à faible niveau de risque) ayant accouché en maternité. Mais "ce groupe de comparaison n'existe pas à ce jour", car les bases de données des établissements de santé ne renseignent pas certains indicateurs, tels que l'indice de masse corporelle, indispensables pour déterminer le niveau de risque de la grossesse, a expliqué à l'AFP Anne Chantry, épidémiologiste à l'Inserm, qui a participé à la rédaction de l'étude.
[Avec AFP]
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