Honneur aux chefs. Dans le box n°1 des urgences, le Pr Claire Poyart ouvre le bal des piqûres devant les journalistes. "Je me dois d'être convaincante et de donner l'exemple", affirme la cheffe du service de bactériologie de l'hôpital Cochin. A 63 ans, elle s'inquiète moins pour elle que pour les autres: "Des gens de ma famille sont morts du Covid, mes enfants l'ont eu, mes petits-enfants ont souffert du confinement... La vaccination est le meilleur moyen de s'en sortir." Quitte donc à payer de sa personne pour faire pencher la balance alors que, sur la vaccination, les soignants "sont encore très partagés, on ne va pas se voiler la face". "Beaucoup sont dans l'attente de voir que cette campagne vaccinale démarre réellement", explique son confrère Alain Cariou, 55 ans, anesthésiste-réanimateur à Cochin. "Soulagé" d'avoir eu "accès à la vaccination dans ce délai", il se dit aussi "serein" pour la suite. "Je suis très confiant sur le fait que ça ne va aller qu'en s'accélérant. On a un potentiel de déploiement qui est très important, j'ai la conviction qu'on peut y arriver sans trop de difficulté", assure-t-il. Un deuxième box de vaccination doit d'ailleurs ouvrir dimanche et sans doute d'autres ensuite. "Il y a un élan vaccinal, il faut y répondre", ajoute le Pr Frédéric Batteux, 53 ans, chef du service d'immunologie de Cochin. D'ici à la fin du week-end, une centaine de personnes auront reçu leur dose du précieux sérum.
Un geste "civique" D'autres les ont devancées: jeudi, le CHRU de Nancy annonçait déjà de premières injections, avant même que le gouvernement ne donne le feu vert à la vaccination anticipée des soignants. Vendredi, l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a inauguré...
la campagne au sein de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Elle va "s'étendre progressivement dans tous les autres établissements" du groupe, indique son directeur général Martin Hirsch qui table sur "une dizaine de sites dès la semaine prochaine". Tous les personnels d'au moins 50 ans travaillant au contact des patients, y compris les agents administratifs, pourront y accéder, soit un quart des quelque 100.000 salariés de l'AP-HP. Ceux de moins de 50 ans "présentant une co-morbidité" y ont également droit, conformément aux recommandations des autorités sanitaires. Les professionnels de santé libéraux sont eux aussi bienvenus, à l'instar du Dr Patrick Bouet, 65 ans, président de l'Ordre des médecins, venu se faire vacciner à l'Hôtel-Dieu samedi. Contaminé par le coronavirus en mars, il considère "normal d'être parmi les premiers", toujours au nom de "l'exemplarité". Une motivation partagée par Virginie Léonard, sage-femme à l'hôpital Necker, prévenue le matin même par son directeur. "J'ai sauté sur l'occasion d'être parmi les premiers", raconte-t-elle, fière d'accomplir un geste "civique". "C'est très important, surtout en obstétrique" car "plus vite nous serons vaccinés, plus vite nous pourrons soigner dans la bientraitance", souligne-t-elle, évoquant les difficultés posées par le port du masque et parfois l'absence des conjoints dans les maternités. Selon elle, les doutes sur le vaccin pèsent peu face au traumatisme de l'épidémie: "la crise a été très éprouvante, des collègues ont été envoyées dans des services où beaucoup de gens sont morts, ça les motive à se faire vacciner".
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus