Si le premier budget du gouvernement reprend de vieilles recettes, il instaure aussi des réformes du mode de financement très innovantes.
Dans la colonne des recettes, cette loi de financement de la Sécurité sociale supprime les cotisations maladie de 0,75 % des salariés mais augmente la contribution sociale généralisée (CSG) de 1,7 point. "Mettre fin à la cotisation maladie des salariés est une vraie nouveauté, commente Claude Le Pen, titulaire de la chaire d’économie de la santé à l’université Paris- Dauphine. On peut se demander s’il ne faudra pas également supprimer les cotisations maladie patronales et basculer complètement le financement de l’assurance maladie du côté de la fiscalisation, pour aller au bout de la logique." La CSG a également pour avantage de porter sur l’ensemble des revenus, y compris ceux des retraités, ainsi que sur ceux tirés du capital. Mais ce changement de cap, qui Les innovations du budget 2018 de la Sécurité sociale rompt avec les principes de 1945, n’a pas que des partisans. "Le grand virage, c’est le plan Juppé de 1996, rappelle Jean-Pierre Domin, maître de conférences en économie de la santé à l’université de Reims. À l’époque, sous la pression du patronat, on a commencé à considérer que les cotisations sociales sont un frein à l’emploi." Pour ce membre du collectif des "Économistes atterrés", on devrait revenir pour financer la santé "à la cotisation sociale, qui est beaucoup plus juste, qui responsabilise les entreprises sur le lien entre les conditions de travail et la santé et qui va de pair avec la démocratie sociale". On note aussi que le budget de la Sécu prévoit également une nouvelle taxe sur les boissons sucrées. "Les taxes comportementales pour financer la Sécu sont certes de plus en plus nombreuses, mais leur montant total reste cependant encore marginal par rapport à l’ensemble des sources de financement de la Sécu", note Claude Le Pen. De même, cet économiste juge que l’impact de l’économie des plateformes (Uber, Airbnb…) nécessite une réflexion sur la protection sociale des travailleurs concernés mais reste encore aussi trop marginal pour fragiliser le financement de l’assurance maladie. Sur les revenus issus du patrimoine et de placement, le taux des contributions sociales, dont le "forfait social" voulu par Nicolas Sarkozy en 2009, atteint désormais 17,2 %. En revanche, l’idée avancée par le candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon, de taxer les robots pour financer la protection sociale, idée défendue également par Bill Gates, n’a guère reçu d’échos en France.
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