Les opposants à l’hydroxychloroquine "achetés par l’industrie pharmaceutique" : une pétition lancée contre le Pr Perronne

22/06/2020 Par Marion Jort
Choqués par des propos qualifiés d’“inacceptables” tenus par le Pr Perronne, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Raymond Poincaré (Paris) lors d'interviews, des médecins ont lancé une pétition pour lui demander de rendre des comptes.

Invité par Sud Radio, le 16 juin dernier, le Pr Perronne n’a pas mâché ses mots quant à son analyse de l’épidémie de Covid-19. S’il a assuré avoir conseillé “beaucoup de gouvernements sur toutes les crises sanitaires”, le chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Raymond Poincaré (Paris) a d’abord affirmé à l’antenne “ne pas comprendre comment toutes ces institutions ont été manipulées pour nous conduire dans cette impasse terrible”.  Défenseur du traitement proposé par le Pr Raoult et à l’origine d’une pétition en avril, avec l’ex-ministre Philippe Douste-Blazy, pour assouplir d’urgence les possibilités de prescription de l’hydroxychloroquine, il a expliqué à l’antenne qu’à ses yeux, tous les “opposants à ce traitement sont ‘achetés par l'industrie pharmaceutique’”. D’après lui, “25.000 morts auraient pu être évités en France si la combinaison hydroxychloroquine et azithromycine avait été prescrite massivement”. 

A propos des sociétés savantes, sur lesquelles le ministre de la Santé, Olivier Véran, affirmait se baser, il les estime “complètement corrompues”. “La plupart des société savantes ont des centaines de milliers voire des millions d’euros sur leur compte en banque qui vient de l’industrie pharmaceutique. J’étais totalement scandalisé de ce lien de beaucoup d’experts avec l’industrie pharmaceutique et cette corruption. On n’ose pas dire le mot mais moi je le dis aujourd’hui, c’est de la corruption”, dit-il.  Pour lui, cette corruption est à l’origine de dizaines de milliers de décès de Français. “Faut pas avoir peur des mots”, appuie l’infectiologue. “Il y a eu près de 30.000 Français qui sont décédés, quand on regarde les résultats de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine dans beaucoup de pays qui l’ont fait systématiquement dès les premiers jours dans les formes pas trop sévères, il y a eu très peu de morts c’est-à-dire qu’on aurait pu éviter à mon avis environ 25.000 morts en France.”

De plus, dans une interview sur CNews 18 juin, le Pr Perronne accuse des médecins d’avoir “laissé crever” son beau-frère. “J’ai perdu mon beau-frère parce qu’il était hospitalisé à Nantes (...) Il aurait pu être sauvé par le traitement (...) ils ont laissé crever mon beau-frère”, lâche-t-il. Face à la demande...

de précisions du présentateur de l’émission, le Pr Personne explicite ensuite son propos : “Les médecins de l’hôpital, ils l'ont pas soigné (...) parce qu’ils ont pas traité, ils ont refusé le traitement.” Choqués, des médecins ont décidé de réagir en créant une pétition, déjà signée par plus de 1.600 personnes, afin d’interpeller l’Ordre sur ces propos qualifiés d’“inacceptables” et qui contrevient à l’article 39 du code de déontologie médicale stipulant que “les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé” . D’après le texte de présentation de cette pétition, ces propos ne tiennent pas non plus compte de l’article 13 du code de déontologie médicale rappelant que “lorsque le médecin participe à une action d'information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu'en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public." Ils relèvent enfin un dernier article du code de déontologie médicale pouvant être invoqué dans ce cas: “Les médecins doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité”. “Christian Perronne n’a en effet pas cherché une conciliation par l’ordre mais a préféré accuser directement sur les chaînes de télévision publique des collègues médecins d’avoir ‘laissé crever’ quelqu’un”, expliquent-ils. 

Ils demandent au Cnom de réagir en urgence en condamnant ses propos et en le “convoquant afin qu’il s'explique et rende des comptes”. De son côté, le collectif FakeMed a également tenu à réagir par la voix de son président : “Cet individu s’est déjà illustré en soutenant l’existence d’une forme chronique de la maladie de Lyme, dont il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique. Dans ce cadre, ce médecin revendique des traitements pouvant avoir des effets indésirables multiples, en dehors de toute indication et recommandation, au risque de ne pas chercher une autre cause à leurs problèmes de santé (...) L’accusation extrêmement grave portée à l’encontre de médecins qui ont mis en œuvre tout ce qu’il était possible de faire pour soigner des patients porteurs d’une pathologie émergente et inconnue est de nature à nuire gravement à la confiance nécessaire que doivent avoir nos concitoyens envers notre système de santé. Ces paroles dangereuses ne peuvent rester sans réponse”, dénonce Cyril Vidal.  A l’inverse, une pétition en soutien au Pr Perronne a émergé sur les réseaux sociaux, lancée par l’association “Vaincre Lyme”, qui a déjà recueillie plus de 26.000 signatures. 

 
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