Quand il a décidé de s’inscrire en médecine, à 24 ans et avec un bac pro "commerce " pour seul viatique, il n’y avait pas grand monde pour y croire. "Ma sœur et mes parents n’ont jamais douté de moi", corrige Pierre Serditch. Et ce, malgré le mail de la faculté de Besançon confirmant son inscription en ligne tout en ne lui laissant quasiment aucun espoir : "Orientation vers une filière courte et professionnalisante fortement conseillée"… Il ne s'en est pas soucié et il a eu raison. Pierre Serditch est sans doute le seul "bac pro" de France à avoir passé la Paces avec succès. Il a terminé 94 ème sur 220, et du premier coup ! "J’ai bien fait de le tenter", constate tranquillement dans L'Est républicain cet adepte du yoga, de la cuisine vegan et du sport à haute dose. Grand blond à l’allure dégingandée, natif de la vallée de la Loue (Doubs), il évoque son rapport "compliqué" à l’école (redoublement de la 4e, arrêt des études en 1re, Bac pro). "On ferait mieux d’apprendre aux enfants à faire du feu, à courir dans les bois et à lire des trucs intelligents plutôt que de les ranger dans des cases dès la primaire", analyse-t-il. Il raconte son parcours sinueux mais riche d’expériences (voyage aux États-Unis, création d’une entreprise de livraison de repas, job dans la fibre optique) et la stratégie qu’il a mise en œuvre en médecine, après avoir tenté "cuisine" à l’institut Paul-Bocuse – cursus arrêté net au bout de dix-huit mois.
Il s’y est préparé à la manière d’un marathonien, s’imposant une discipline de fer et un programme de révision – il dit "entraînement" – millimétré. "J’avais arrêté la biologie au collège et n’avais jamais fait de chimie de ma vie. Je me suis inscrit en Paces en février et comme j’ avais quelques mois devant moi, je me suis plongé dans le programme du lycée. J’ai appris les dérivés sur Youtube et lu plusieurs ouvrages sur l’organisation du travail. Quand j’ai débarqué à la fac, en septembre 2017, j’étais prêt, à fond dans les starting-blocks !" Il tapisse les murs de sa chambre de "Post-it" reprenant l’intitulé de ses cours, pour organiser une "rotation de révision" toutes les trois semaines. "Je planifiais tout, heure par heure, pour ne pas avoir à perdre de temps à me demander quoi faire." Lever à 6 h, coucher à 21 h. Cinq heures de révision quotidiennes "mais à fond les manettes". Des QCM, du sport et une alimentation saine. Pas de sortie, pas de copine, pas de Facebook. "Il faut quand même être dedans", finit-il par admettre. Son secret ? "La confiance en soi. Ça ne sert à rien de se miner en bossant tous les soirs jusqu’à minuit. Il faut rester concentré. Au bout du compte, c’est la motivation qui prime." Il reconnaît "un léger flottement" après les partiels de janvier. "J’ai augmenté la dose de vélo et c’est passé ! J’étais sûr de l’avoir, ce concours, et en même temps je me demandais comment un type comme moi pouvait le réussir. J’ai réussi à surmonter ce paradoxe." À ceux qui, comme lui, rêvent de médecine sportive ou de chirurgie, il conseille de "prendre le temps (…) Voyagez, faites du sport – mon conseil n° 1 – et ne vous lancez que lorsque vous vous sentez prêt… Il faut un peu de vécu et de résistance pour être médecin, non ?". Aurait-il recommencé s’il avait échoué ? "Sûrement pas (…) De toute façon, je n’aurais pas pu ; avec Parcoursup, je me serais retrouvé face à un mur". [Avec estrepublicain.fr]
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M A G
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