Les académies de médecine et de pharmacie déplorent la "désaffection" des bacheliers pour les études de santé
Dans un communiqué commun, diffusé lundi 26 février, l'Académie nationale de médecine, l'Académie nationale de pharmacie et l'Association des professeurs de biologie et géologie alertent sur "l'orientation des bacheliers" vers les études de santé. Elles appellent à "une réflexion approfondie" et à une meilleure information des lycéens "au moins dès la première sur la diversité des métiers de la santé".
Elles s'inquiètent de la diminution du nombre de jeunes s'engageant dans les études de santé. Dans un communiqué commun, publié lundi 26 février, l'Académie nationale de médecine (ANM), l'Académie nationale de pharmacie (ANP) et l'Association des professeurs de biologie et géologie (APBG) déplorent la "baisse régulière", "depuis plusieurs années", "du nombre de bacheliers souhaitant s'orienter vers les études scientifiques, notamment les formations en santé", et en particulier "la pharmacie".
La réforme de la Paces en 2020, et celle du lycée en 2019 – ayant supprimé la filière S -, "ont aggravé la situation", écrivent les trois organisations dans leur communiqué : "Plus de 1 100 places ont été vacantes en deuxième année de pharmacie en 2022, et 500 en 2023". Ces chiffres ont notamment accentué "la prévision de 'déserts pharmaceutiques' dans la prochaine décennie".
COMMUNIQUE #Alertes sur l’#orientation des #bachelier(e)s vers les #études en #pharmacie et #médecine. Il est encore temps de réagir.
"Plus de 1100 places ont été vacantes en deuxième année de pharmacie en 2022 et 500 en 2023"
https://t.co/goJw4fWZQP pic.twitter.com/3XhPmQo43y— Académie de médecine de France (@acadmed) February 26, 2024
Pour expliquer cette "désaffection des bacheliers" pour les études de médecine et de pharmacie, l'ANM, l'ANP et l'APBG avancent, entre autres, "le constat de plus en plus flagrant de lacunes de connaissances dans les matières scientifiques en général avant le baccalauréat", et "notamment celles en lien avec la santé".
"Un déficit évident d'informations"
"Il existe également un déficit évident d’informations adaptées en vue de l’orientation des élèves tant au collège qu’au lycée. Concernant la médecine, le 'concours' d'entrée [qui a laissé place depuis la rentrée 2020 à des examens en contrôle continu et à 01un oral, eux aussi difficiles, NDLR] très sélectif a conduit au problème majeur du nombre de jeunes partant faire leurs études à l'étranger", pointent-elles. Ces derniers sont estimés entre 3 000 et 5 000.
Face à ce constat, "les enseignants" – et plus spécialement ceux de SVT – "ont un rôle majeur à jouer au sein du système éducatif". " C'est la seule discipline scientifique qui intègre et qui doit expliquer par ses savoir-faire, ses méthodes et ses savoirs, la complexité des relations entre l’Homme et son environnement dans un objectif affiché et indispensable d’une prévention en santé de l’environnement et de l’humain", soulignent les trois organisations, dans leur communiqué. Or, depuis la réforme du collège en 2015, puis celle du lycée en 2019, " il existe un appauvrissement […] de l'enseignement des sciences en général, et des SVT en particulier", prolongent-elles.
"Une autre des causes de la désaffection des lycéens pour la filière santé résulte de la réforme du baccalauréat". "Pour certains jeunes sans information, ceci entraine un désengagement pour les spécialités scientifiques car les combinaisons choisies apparaissent quelquefois peu logiques pour suivre les filières scientifiques de santé, ce dont les lycéens s'aperçoivent au moment de leur choix d'orientation dans l'enseignement supérieur", ajoutent l'ANM, l'ANP et l'APBG.
Pour inverser cette tendance, les deux académies et l'association considèrent qu'il est "essentiel" d'intégrer parmi les "savoirs fondamentaux" – pour lesquels le Gouvernement souhaite "accroître le niveau des élèves" – "les dimensions 'santé' et inclure ainsi, en plus des mathématiques et du français, les connaissances du corps humain et la prévention des multiples risques sanitaires". "En découlent les métiers qui y sont rattachés", soutient le communiqué.
Face à ce constat, les trois organisations estiment qu'"une réflexion approfondie est indispensable, animée par les ministères concernés", soit ceux de l''Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Santé, "pour revaloriser la place de l’enseignement des sciences, de la biologie humaine et de la santé au collège et au lycée, avec en particulier le renforcement des enseignements dirigés et des travaux pratiques". En outre, "il est indispensable et urgent de mieux informer les jeunes au moins dès la première sur la diversité des métiers de la santé et leurs valeurs grâce au concours des professionnels de la santé, de la recherche et de l'orientation, afin d'expliquer les différents parcours possibles", poursuivent-elles.
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