Ce n’était qu’une question de temps avant que les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé prennent la décision d’instaurer une quatrième année de médecine générale au DES*... Et ce sera chose faite à la prochaine rentrée. L’objectif de cette année supplémentaire serait, selon les ministères de tutelle, de créer une phase de consolidation pour les futurs MG, car c’est aujourd’hui la seule spécialité à se dérouler en trois ans. Elle devra se dérouler en priorité dans les zones sous-dotées et sera intégrée au PLFSS.
Bien que François Braun ait annoncé avoir lancé une "mission spéciale sur son organisation", les syndicats ont immédiatement fait savoir leur mécontentement au ministre de la Santé. "La méthode est intolérable. Nous dénonçons le souhait d’instaurer cette quatrième année de médecine générale à marche forcée et dans la précipitation. Un PLFSS n’est pas adapté au cadrage de mesures de formation. Les concertations doivent prendre place avant d’acter les décisions, en incluant les premiers concernés : les étudiants", écrit par exemple l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), considérant par ailleurs que les "objectifs [des ministères] interrogent".
L’association estime qu’une "mise en place précipitée" est préoccupante, rappelant les conséquences désastreuses de la réforme du premier cycle des études de santé chez les étudiants. "Solutionner le manque criant de maîtres de stages universitaires ? Douteux. Révolutionner la formation sans enseignants ? Impensable. Les freins, depuis longtemps décriés, ne seront pas résolus en un an", font-ils valoir. "Nos demandes sont claires. Nos demandes sont fermes (...) Nous sommes contre une quatrième année de médecine générale quand les objectifs premiers sont oubliés : nous former. Nous sommes contre quand nous n’avons aucune garantie sur l’encadrement, sur la formation, sur la rémunération, sur la continuité des soins pour les patients, sur son application sécuritaire et pérenne pour des étudiants qui subissent des réformes précipitées. La mesure doit être ôtée du PLFSS, et les concertations entamées avant toute exécution."
Une mobilisation des internes en octobre
"Nous nous opposons fermement à l’obligation de réaliser cette 4ème année en zone sous-dense, il s’agit ni plus ni moins qu’un déguisement pour une année d’exploitation supplémentaire des internes", renchérit l’InterSyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (Isnar-IMG). Bien que le syndicat d’interne en MG "relève" que les futurs docteurs juniors exerçant en ambulatoire puissent être "rémunérés en fonction des actes qu’ils réalisent", il s’agit pour lui "d’une preuve que notre travail critique sur la question de la 4ème année de l’internat de médecine générale porte ses fruits". Mais, "il est inacceptable de faire peser les difficultés d’accès aux soins sur des internes encore en formation !" écrivent les président et porte-parole du syndicat, appelant les internes à se tenir prêt à une "mobilisation nationale".
De son côté, la présidente de l'’Intersyndicale nationale des internes (Isni) dénonce la "démagogie" d’Emmanuel Macron envers les internes, "l’irrespect" et "une mesure qui ne va rien arranger". "L'Isni s'oppose formellement à toute mesures coercitives, et à la création d'une quatrième année de médecine générale, qui n'apportera aucune solution aux problèmes d'accès aux soins". "Vos médecins en formation se suicident, ils souffrent d'anxiété, ils travaillent 60 heures par semaine, ils sont payés 5,42 euros par heure. Ils ne supporteront pas une nouvelle injustice", prévient Olivia Fraigneau, présidente du syndicat, qui annonce une "grande mobilisation à partir du mois d'octobre, allant jusqu'à la grève de tous les internes pour lutter contre la coercition et enfin obtenir des conditions de formation et de travail dignes".
Le SRP-IMG, qui représente les internes en médecine générale franciliens, considère, lui, que ce projet est "déconnecté de la réalité". "Ce projet est un poignard dans le dos de la médecine générale qui gagne en attractivité depuis des années", écrit-il.
Les syndicats de médecins soutiennent les étudiants
Dans un communiqué, MG France a également prévenu qu’il ne pourrait y avoir de quatrième année d’internat "sans les conditions indispensables à sa mise en place". S’il reconnaît qu’une année supplémentaire professionnalisante pourrait être bénéfique, MG France estime que cette dernière année d’internat "doit être dédiée à la maîtrise de tout l’environnement professionnel, administratif et territorial du cabinet de médecine générale".
"Pour les internes, de nombreuses conditions sont indispensables à cet exercice (statut, rémunération, logement, garanties de l’encadrement) et nécessitent un cahier des charges complexe qui doit impérativement être validé par les jeunes et médecins en exercice." Le syndicat rappelle encore qu’il sera difficile de trouver 3.500 terrains de stage chaque année.
Président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), le Dr Jérôme Marty s’est fendu d’un tweet cinglant ce week-end, pointant du doigt la responsabilité des autorités sanitaires dans le défaut d’attractivité de la médecine générale. "Ça s’arrête où ? Et après, on rajoute une année de plus? Et une autre? Et une autre? Question : vous relancez l’attractivité de la médecine libérale quand ? Vous réaménagez les territoires quand ? Entre clientélisme et simplification d’un dossier construit par 30 années d’erreurs", s'énerve-t-il.
*diplôme d’études spécialisées.
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