Depuis des mois, le couplage des stages de pédiatrie et de santé de la femme, prévu dans la nouvelle maquette du DES de médecins générale, fait débat
Nouvelle maquette du DES de médecine générale : "Les internes veulent pouvoir colorer leur parcours"
Depuis des mois, le couplage des stages de pédiatrie et de santé de la femme, prévu dans la nouvelle maquette du DES de médecine générale, fait débat. Ce dernier doit pourtant permettre l'introduction d'un stage libre de six mois. Du côté des internes, les avis sont aussi mitigés d'après les sondages de plusieurs syndicats.
Depuis des mois, le couplage des stages de pédiatrie et de santé de la femme, prévu dans la nouvelle maquette du DES de médecins générale, fait débat
Le débat autour la nouvelle maquette du DES de médecine générale ne cesse de faire rage. Alors que les contours de cette dernière ont été définis par un arrêté le 3 août 2023, les représentants des pédiatres et ceux des praticiens et internes en médecine générale continuent de s'écharper sur le couplage des stages en pédiatrie et en santé de la femme. Les premiers s'inquiètent des conséquences de la réduction du stage en pédiatrie de six à trois mois ; les seconds défendent, entre autres, l'instauration d'un stage libre de six mois, ajustable selon le projet professionnel de l'interne.
Face à ces oppositions, que pensent véritablement les internes en médecine générale ? C'est ce qu'a cherché à savoir l'Intersyndicale nationale des internes (Isni). Fin mars, l'organisation a lancé un sondage "flash" auquel ont répondu près de 500 internes. Il en ressort une envie de "liberté" de ces derniers dans la construction de leur parcours, avance Guillaume Bailly, président de l'Isni : "Les internes veulent pouvoir colorer leur maquette."
Pour preuve : 50% des internes interrogés privilégient le couplage du stage de pédiatrie et de santé de la femme de chacun trois mois, suivi par un stage libre de six mois (sans obligation de choix pendant ce stage). Ils ne sont toutefois que 30% à privilégier cette option lorsque le stage de six mois est "orienté" vers l'une des quatre spécialités que sont la gériatrie, la psychiatrie, la gynécologie ou la pédiatrie.
C'est pourtant ce qui a été déterminé par l'arrêté du 3 août 2023. D'après ce texte, le stage "libre" permis par la fusion de ceux de pédiatrie et de santé de la femme lors de la phase d'approfondissement (2ème et 3ème années d'internat) doit être "accompli de préférence dans un lieu agréé en gériatrie, pédiatrie, psychiatrie, psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, gynécologie médicale ou gynécologie obstétrique". "Les internes préfèrent [donc] le stage libre, mais uniquement si celui-ci est un véritable stage libre et non orienté", prolonge Guillaume Bailly, interrogé par Egora.
"On veut plus de flexibilité"
Il ressort également de ce sondage "flash" que 98% des internes veulent pouvoir choisir, au sein d'une même subdivision, entre "un stage couplé en pédiatrie et en santé de la femme […], complété par un stage libre de six mois", et "deux stages de six mois", détaille Guillaume Bailly.
Dans ce contexte, "on veut plus de flexibilité", soutient le président de l'Isni. La médecine générale est "une spécialité essentielle pour notre système de santé, et qui est de plus en plus complexe". "On veut que l'interne qui souhaite se former en cardiologie ou en infectiologie [lors de son stage libre, NDLR], ou qui veut faire six mois en pédiatrie/gynécologie, ait la liberté de colorer son parcours", poursuit le représentant syndical, qui défend une totale liberté des internes concernant la maquette du DES de médecine générale. Au-delà de l'opposition entre stages en pédiatrie, en gynécologie ou libre, "on ne doit pas imposer un schéma comme un autre", assure-t-il. Le parcours d'un interne doit pouvoir être en "adéquation avec son projet".
A Paris aussi, le SRP-IMG* a sondé ses adhérents fin 2023. 406 internes parisiens en médecine générale ont répondu au sondage du syndicat, dont près de 250 étant en premier semestre - ceux directement concernés par la réforme. D'après ce sondage, ces internes en premier semestre privilégient autant un stage en pédiatrie de six mois, qu'un couplage de la pédiatrie/santé de la femme avec un stage libre**. "Quand on prend en considération uniquement les internes en premier semestre, on est quasi sur du 50/50 entre ceux qui préfèrent un stage de six mois en pédiatrie ou un stage libre de six mois", acquiesce Margot Martinez, présidente du SRP-IMG.
Le stage de santé de la femme est, lui, moins privilégié par les internes parisiens. "C'est un peu une spécificité de l'Ile-de-France. On a des difficultés avec ces stages : ils sont moins mis en avant au sein de [nos] ville[s], car on est moins bien pris en charge" durant ceux-ci, avance la représentante syndicale.
Les résultats de ce sondage concernant le stage libre sont toutefois intéressants. En effet, "historiquement, le stage libre est la première demande des internes, de toutes villes confondues, car notre maquette laisse peu de place pour découvrir autre chose", estime la présidente. La maquette avancée par l'arrêté du 3 août 2023 aurait donc cassé cette dynamique : l'intérêt des internes en premier semestre pour le stage libre – orienté vers quatre spécialités précises - est "moins tranché que ce que l'on aurait pu penser".
"Une liberté de choix des internes"
A l'instar de l'Isni, le SRP-IMG tient à soutenir "la liberté de choix des internes". Le syndicat assure ne vouloir s'opposer à "aucune des deux modalités" : "On ne s'opposera pas s'il y a [un retour à] six mois de stage en pédiatrie, et on ne s'opposera pas si couplage trois mois-trois mois entre la pédiatrie et la gynécologie" est maintenu, indique Margot Martinez à Egora, invitant "les acteurs de pédiatrie et de médecine générale à se réunir" afin de "trouver une solution".
Enfin, l'Isnar-IMG*** a aussi mené une enquête, intitulée "Mon stage libre", en fin d'année 2023 auprès de 772 internes en médecine générale afin de les interroger notamment sur leurs souhaits pendant ce stage libre. Parmi eux, près de 55% étaient en premier semestre. Il ressort de cette enquête "une multitude de réponses", note Lou Merzaux, porte-parole de l'Isnar-IMG. En particulier, plus de 42% des carabins interrogés affirment pendant ce stage libre vouloir privilégier un stage en exercice mixte avec de la pratique ambulatoire (3 mois) et hospitalière (3 mois).
"Il ressort alors que les internes qui s'intéressent à la pédiatrie demandent à faire de la pédiatrie pendant ce stage libre. Et ceux intéressés par d'autres spécialités demandent à faire ces spécialités pendant ce stage", poursuit Lou Merzaux dont le syndicat appelle à ce que les stages de la phase d'approfondissement - dont celui libre - soient "au maximum des capacités de formation des stages ambulatoires ou à défaut mixtes".
*Le Syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG).
**La distinction entre stage libre et stage orienté n'a pas été faite dans ce sondage.
***Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale.
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