"J'avais 4 ans.
Mon père a ouvert la porte du bloc opératoire, puis m'a fait installer sur une plateforme à côté de lui.
Il avait pris soin de m'habiller, en faisant tenir une casaque avec du sparadrap, et j'avais enfilé les bottes de tissu alors utilisées, qui me montaient jusqu'en haut des cuisses.
J'avais ordre de ne rien toucher, et, surtout, d'observer avec attention.
Mon père a débuté l'intervention, m'expliquant qu'il incisait la peau, puis le péritoine, que j'ai immédiatement rebaptisé "Père Antoine".
Une fois l'abdomen ouvert, il s'est tourné vers moi et m'a dit : "Regarde, c'est beau".
Et j'ai dit oui..."
"Septembre 1964. De retour de vacances, je me prépare à la rentrée en prépa HEC. Ce matin-là, en sortant de chez moi, je croise un camarade de lycée fils de pharmacien résidant dans un quartier bourgeois de la ville. Je ne saurai jamais ce qu’il est venu faire dans mon quartier populaire. À ma question de savoir ce qu’il fait là, il me répond qu’il part s’inscrire en CPEM (Certificat Préparatoire aux Études Médicales). Et je lui ai emboîté le pas…"
"C'était le matin de la mort de ma mère, quand on a ramené son corps à la maison. Elle est morte sans que l'on sache qu'elle était en danger, après une simple opération de calculs dans le cholédoque, d'insuffisance rénale aiguë reconnue par la bio depuis quelques jours. Il y avait pourtant des traitements à l'époque et des reins artificiels. Les documents prouvant la faute de la clinique ont été confiés par mon père à un avocat et ces preuves ont disparu. Je me suis jurée que j'allais remonter le niveau de la médecine. J'avais 12 ans , c'était le 9 avril 1964. Je n'ai jamais oublié."
"J’avais 6 ans. J’ai vu un reportage sur le Dr René Frydman et le premier bébé éprouvette Amandine. J’ai aussi vu dans ce documentaire une femme en terrible souffrance car elle n’arrivait pas à être maman. Elle m’a énormément touchée et je me suis dit que je voulais faire ce métier afin d’aider les gens en souffrance comme l’a fait ce professeur...
qui a rendu le rêve possible de cette femme de devenir maman. Quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais 'gynécologue obstétricien et faire de la recherche sur l’embryon'. Je ne savais pas vraiment ce que c’était, mais je pensais que c’étaient les docteurs qui guérissaient les mamans.
Malheureusement, j’ai raté ma première année de médecine deux fois. Je me suis alors réorientée dans la biologie humaine. Mon envie d’être médecin était tellement forte que j’ai tenté la passerelle médecine et je l’ai obtenue. Même si ça a pris plus de temps, je me suis battue du mieux que j’ai pu pour pouvoir soigner du mieux possible les personnes qui en ont besoin et j’ai hâte de pouvoir encore en apprendre durant l’internat qui commencera pour moi en novembre."
"La dissection d’un rat !
Alors à peine âgé de 5 ans, j’ai réalisé ma première dissection sur un cadavre de rat. Dans un hangar de la maison des parents, un gros rat mort a été trouvé que j’ai stérilisé avec de l' eau de javel. Le rat à 4 pattes plaqué sur une planche, un foulard sur mon nez et les mains bien lavées. L’ouverture de l’abdomen a été pratiquée avec une lame gillette et ma première ablation du rein a été réalisée ce jour-là !!
Être chirurgien était déjà dans ma tête, mais chirurgien urologue est une autre histoire !"
"En terminale je cherchais ma voie. Prendre le chemin d’une prépa comme me le susurraient mon prof de maths et aussi mon père cheminot qui rêvait que son fils intègre la SNCF en tant que cadre supérieur. Ou 'faire' médecine, métier que j’imaginais plein de noblesse et de dévouement mais dont je ne connaissais strictement rien dans mon petit village. Je ne connaissais personnellement nul médecin à qui j’aurais pu poser toutes mes interrogations et doutes. En désespoir de cause, je suis allé interroger mon dentiste, qui je le savais avait échoué son entrée en médecine et qui était devenu, par 'défaut' chirurgien-dentiste selon ses propres dires. Il m’a écouté très gentiment et m’a posé deux questions : Etais-je 'bon' en dessin ? Je lui ai alors avoué à ma grande honte que j’étais un bien piètre dessinateur, incapable de croquer quoi que ce soit… Etais-je bon en latin et si possible en grec ? Encore une fois, j’ai dû lui avouer que j’avais préféré les langues modernes aux langues mortes. Alors, implacable le verdict est tombé de la bouche du docte chirurgien-dentiste : Je n’avais aucune chance de réussir 'médecine'. Je suis rentré fort dépité de cette entrevue, je voyais un possible avenir d’homme en blanc soignant son prochain en détresse se fermer brutalement. Et puis, les jours suivants, cette condamnation s’appuyant sur mes deux failles est devenu un défi, une provocation associée à un doute sur l’impartialité de cet homme qui finalement malgré sa maitrise en art pictural et ses lettres classiques avait échoué. Je me suis inscrit en médecine, j’ai travaillé dur, j’ai dessiné des planches d’anatomie très improbables et j’ai découvert que le latin était de l’histoire ancienne et .. j’ai réussi le concours avec un certain succès. J’ai aimé ce métier avec passion et il me l’a bien rendu."
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