TRIBUNE - Excédés par les dérives de la réforme du premier cycle des études de santé, ayant notamment mis fin à la Paces et au numerus clausus au profit de deux nouvelles voies d’accès, des parents d’étudiants en première année de médecine ont décidé de lancer une pétition pour demander une réévaluation à la hausse du nombre de jeunes qui passeront en deuxième année. Ils signent aussi une tribune pour alerter “en urgence” sur cette réforme qu’ils qualifient d’“inégalitaire”, d’“inachevée” et “organisée dans l’urgence en pleine période Covid”. “Nous souhaitons alerter l’opinion publique et les médias sur les conditions désespérantes et inégalitaires qui sont prévues pour les premiers étudiants en santé post-réforme (PASS et LAS qui remplacent les PACES). Cette réforme prévue par la Loi du 24 juillet 2019 relative à l’organisation du système de santé, devait abaisser le taux d’échec en augmentant le numerus pour les primants, diversifier les profils des étudiants et améliorer leur réorientation. Cependant tout le contraire est en train de se produire. En effet, cette année les étudiants PASS ont obligation de suivre un double cursus (majeure de santé qui correspond peu ou prou à l’ancien programme des PACES allégé ET mineure d’une autre licence comme droit, éco, etc…) afin de pouvoir postuler au concours de la formation en santé de leur choix (médecine, dentaire, maïeutique, pharmacie ou kiné) ; en cas d’échec au concours ils ont interdiction de redoubler et seuls les étudiants PASS qui auront validé leur double cursus auront la garantie d’une nouvelle chance s’ils acceptent de se réorienter en 2nde année de la licence de leur Mineure (LAS2), tous les autres étudiants qui échoueront devront se réorienter via le fameux logiciel PARCOURSUP!
Or cette année le Ministère de l’Enseignement Supérieur garantit seulement à ces étudiants PASS le même taux de réussite qu’avant la réforme (entre 10 et 20% de taux de réussite soit 80 à 90% de taux d’échec !), balayant d’un revers de la main le désavantage flagrant que représente pour eux l’interdiction de redoublement par rapport aux générations passées. Pourtant cette année devait voir la fin du fameux numerus clausus ! Mais c’était sans compter sur le fait que les étudiants PASS et LAS doivent partager la capacité d’accueil en 2nde année d’études de santé avec les derniers redoublants PACES sans augmentation significative de cette capacité d’accueil dans la grande majorité des universités, ce qui est pire en termes de sélection que la mise en place d’un numerus clausus car, même s’ils sont des étudiants brillants, ils n’auront pas accès aux...
places réservés aux redoublants. De plus le dossier législatif de la Loi du 24 juillet 2019 avait anticipé cette problématique pour cette année exceptionnelle de transition, "une part d’augmentation pour cette seule année du nombre d’étudiants admis en deuxième année sera spécifiquement dédiée à la gestion de ces redoublants, afin de ne pas créer d’inégalités au détriment des étudiants primants, qui commenceront leur cursus à la rentrée universitaire 2020" et des moyens financiers spécifiques devaient être alloués.
D’ailleurs, les facultés qui ont expérimenté la réforme avant l’heure (principalement les facultés parisiennes) ont vu leur capacité d’accueil augmenter en moyenne de 33% pour leur année de transition entre les 2 systèmes. Une augmentation exceptionnelle de 47 % du numerus a été accordée à la Sorbonne en 2019 pour leur année de transition alors qu’il ne s’agit pas d’une université située dans un désert médical ! La libération des fonds prévus par la Loi est-elle réservée uniquement aux facultés parisiennes ? Est-il équitable de tester une réforme à Paris en donnant d’importants moyens financiers pour augmenter la capacité d’accueil en 2nde année puis de demander l’application de cette même réforme en Province sans donner des moyens identiques ? Nous demandons donc le déblocage des fonds prévus par le Loi pour qu’une augmentation de 33% de la capacité d’accueil en seconde année des formations en santé soit mise en œuvre dans toutes les universités de France qui appliquent pour la 1ère fois la réforme cette année.
De plus, compte tenu des conditions particulièrement angoissantes liées à la pandémie du COVID dans lesquelles les étudiants PASS/LAS préparent un concours extrêmement difficile et un double cursus, sans pouvoir assister aux cours en présentiel et en ayant subi 1 confinement et plusieurs couvre-feu qui les condamnent à étudier de manière isolée, nous demandons à ce que le dispositif en cas d’échec au concours soit revu afin que TOUS les étudiants qui échoueront au concours ait accès à une véritable 2nde chance en tout point comparable à celle des anciens redoublants PACES."
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