C’est un entretien que les associations représentatives des étudiants en santé, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) en tête, attendaient avec impatience. Vendredi 11 décembre, ils ont été reçus par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour échanger sur les dossiers en cours, alors que l’actualité concernant les étudiants en santé est dense. Au programme : la réforme de l’entrée des études de santé (RC1) - dont la mise en place chaotique est source de mal-être et angoisses pour les étudiants de première année -, l’intégration universitaire pour les formations paramédicales notamment mais aussi la santé mentale des étudiants et le manque de moyens financiers accordés par le ministère pour toutes les réformes en cours. Mais, malgré l’importance de ces sujets, l’Anemf se désole de l'attitude du ministère qui a “botté en touche”. Pour la RC1, par exemple, Frédérique Vidal se targue d’avoir débloqué 16 millions d’euros… Alors que l’association en demande au moins le double.
“On nous a fait comprendre qu’il y avait la vraie vie avec ses contraintes… Et voilà”, désespère Morgane Gode-Henric, présidente de l’Anemf. Même si elle salue le fait d’avoir été reçue et d’avoir pu porter la voix des étudiants directement auprès de la ministre, la jeune femme n’entend pas s’arrêter là. “On a l’impression qu’on a été écoutés, mais pas entendus”, dénonce-t-elle. Idem pour la question de la santé mentale des étudiants, sujet autour duquel l’Anemf a lancé une vaste campagne de prévention. “La santé mentale des étudiants n’a pas de prix. Il faut le courage d’y mettre le coût pour l’avenir. D'autant plus quand on a autant de réformes ambitieuses”, tranche Morgane Gode-Henric. Elle se désole aussi d’un discours en “déconnexion avec la réalité”. “Ce n’est pas le ministère qui reçoit des messages d’étudiants, qui ont des étudiants en larmes au téléphone”, témoigne-t-elle. Sur ce sujet d’ailleurs, Frédérique Vidal a reconnu que l’investissement n’était pas suffisant… “Mais rien ne suffit jamais”, a-t-elle aussi affirmé. “Oui, elle à raison. Rien ne suffit jamais quand on parle de la santé mentale des étudiants, de réformes importantes”, juge la présidente de l’Anemf. “ “Le ministère nous trouve sévères” Tout n’est pourtant pas à jeter. L’Anemf salue le travail réalisé par le ministère sur certains points, comme par exemple l’augmentation du nombre de PU-PH. Cet engagement, pris dans le cadre du Ségur, prévoit d’embaucher 250 professeurs sur cinq ans. “Évidemment, c’est bien. Mais ce n’est pas suffisant !”, s’agace Morgane Gode-Henric. “Le ministère nous trouve sévères… Mais nous voulons le meilleur pour les étudiants que nous défendons. Aujourd’hui, le mal-être des étudiants est tel qu’on est obligés d’être sévères. Ils en ont besoin. Ils ont besoin de l’investissement humain et financier des ministères, besoin de savoir qu’ils sont écoutés et pris en compte, considérés”, poursuit-elle.
La présidente de l’Anemf dénonce enfin une vision à deux vitesses. Le court terme, d’abord, qui "résout les problèmes”, et puis le long terme. “Parier sur la jeunesse, c'est faire le pari du long terme. C’est vraiment dommage de ne pas parier sur les jeunes, qui vont se soigner demain. Comment voulez-vous qu'on soigne bien si on a appris dans la douleur, dans ces conditions ? Nous, étudiants, ne voulons pas des ruines du système de soin”, conclut-elle.
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