"Irresponsable" : quand les hôpitaux font pression pour dépouiller les cabinets de MG de leurs internes en stage
"C'est toujours la même rengaine, soupire le Dr Anas Taha. C'est exaspérant d'avoir à expliquer ce qu'on fait en ville." Jugeant que les internes de médecine générale ne font "pas grand-chose au cabinet", certains CHU considèrent que cette main d'œuvre serait "finalement plus utiles dans les services hospitaliers", dénonce le président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG).
Dans un communiqué diffusé ce mardi 6 avril, l'Isnar-IMG et le SNEMG font état de "demandes" visant "à réaffecter vers l'hôpital les internes en stage ambulatoire sans leur accord ni consultation des maîtres de stage". "La pression faite sur les départements universitaires de médecine générale pour accepter ces mesures est inadmissible", lancent les deux syndicats. Morgan Caillault, président de l'Isnar-IMG, va jusqu'à évoquer des "menaces sur la non validation de stages".
La situation est loin d'être anecdotique, "de nombreuses régions" sont concernées, assure Anas Taha. "Il ne faudrait pas que ça donne l'idée aux ARS de soutenir ces demandes", redoute le généraliste.
Loin de "minimiser" les difficultés des services hospitaliers, le SNEMG et l'Isnar-IMG rappellent que la crise sanitaire impacte également "fortement" la ville et que face à elle, les internes de...
médecine générale ne chôment pas. "On aide nos maitres de stage à vacciner, assure le président des internes. Soit en allant en centres de vaccination avec eux. Soit pour les plus autonomes, en Saspas [stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée, NDLR], en assurant les consultations au cabinet pendant qu'ils vaccinent", souligne-t-il. Alors que la campagne de vaccination est une priorité, que la santé mentale des Français se dégrade, que les personnes précaires ou les personnes âgées sont particulièrement fragiles, "ces demandes sont irresponsables", considère Anas Taha.
Sans compter qu'une majorité d'internes de MG seront amenés à exercer en ville, rappelle Morgan Caillault. "On doit être formés à l'ambulatoire", insiste-t-il. Si certains internes sont volontaires pour prêter main forte en assurant des gardes en plus de leur stage ou pour être effectivement réaffecté en service Covid, le président de l'Isnar déplore la méthode choisie : la contrainte pour tous. "Plutôt que de faire des menaces, il faut mettre tous les acteurs dans la boucle, insiste-t-il. Nous ne sommes même inclus dans les cellules de crise des hôpitaux, de sorte que nous ne connaissons pas leurs besoins", déplore-t-il. Et de rappeler que lors de la deuxième vague, un vademecum envoyé par le ministère de la Santé faisait des réaffectations de stage une "mesure exceptionnelle", la réquisition des libéraux étant quant à elle envisagée uniquement "en dernier recours".
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