"Conduite en 2006, la dernière enquête menée en population générale sur l’asthme avait estimé sa prévalence à 6,7 %", a expliqué le Pr Chantal Rahérison-Semjen, pneumologue au CHU de Bordeaux. Une nouvelle enquête, AsthmaPop, a été entreprise en 2018 grâce à un financement des Laboratoires AstraZeneca. L’analyse des 15587 réponses d’un panel de 19 676 personnes de 18 ans et plus, représentatives de la population française, a évalué la prévalence de l’asthme (présence au cours des 12 derniers mois) à 6,4 % (5,3 % chez les hommes et 7,4 % chez les femmes). L’âge de ces 993 asthmatiques (dans 60,5 % des femmes) était de 48,2 ans, en moyenne, la maladie ayant été diagnostiquée à l’âge moyen de 25,3 ans. Une majorité de ces asthmatiques étaient en surpoids (IMC moyen de 26,7 kg/m2) et un tiers d’entre eux ont rapporté une rhinite allergique associée.
L’asthme demeure, en France, globalement mal contrôlé. "Ce qui rend donc toujours nécessaire d’optimiser la prise en charge", a insisté le Pr Rahérison-Semjen. Parmi les 969 asthmatiques ayant répondu au questionnaire validé ACQ-6*, 52,3 % seulement ont été considérés comme bien contrôlés (ACQ-6 ≤ 0,75) ; 24,6 % comme partiellement contrôlés (ACQ-6 compris entre 0,75 et 1,5) et 23,1 % comme non contrôlés (ACQ-6 > 1,5). En outre, des taux d’exacerbations importants ont été relevés, et ce même chez la majorité des patients avec un asthme peu sévère : au moins 1 exacerbation par an chez 30,6 % des 47 patients non traités, 41,6 % des 435 patients traités avec un asthme de palier Gina** 1, 43,4 % des 56 se situant au palier Gina 2, 46,2 % des 145 au palier Gina 3, respectivement 61,6 % et 65,4 % des 209 et 33 patients aux paliers Gina 4 et 5. L’observance thérapeutique ne dépassait pas non plus 46,4 % chez les 946 patients traités, avec des chiffres particulièrement faibles (22,4 %) dans l’asthme de palier Gina 1, et respectivement 42,1 %, 43,1 %, 52,9 % et 54,6 % dans ceux de paliers 2 à 5. Résultats décevants pour Sophia-Asthme Reste qu’améliorer le contrôle de l’asthme est une gageure. La Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) a mis en place, depuis janvier 2015, un programme de soutien aux patients adultes de 19 départements, Sophia-Asthme. Les patients asthmatiques, qui doivent avoir moins de 40 ans (pour éviter la confusion avec une BPCO) et sont recrutés sur le critère d’une délivrance de 3 médicaments de l’asthme par le pharmacien, peuvent s’ils le désirent, recevoir des documents d’information et éventuellement s’entretenir par téléphone avec une infirmière. Les asthmatiques ayant adhéré au programme étaient dans près des deux tiers des cas de sexe féminin, avaient un âge moyen de 32,3 ans, et leur asthme était en général peu sévère (palier Gina ≤ 1, dans 8 cas sur 10). La comparaison de 29 976 paires de patients, exposés ou non exposés à ce programme, a cependant échoué à mettre en évidence un impact significatif de Sophia en termes de consommation de corticoïdes inhalés (ce qui était le critère principal de cette étude), tandis que les autres effets relevés ont été modestes, a admis le Pr Camille Taillé, pneumologue à l’hôpital Bichat de Paris : augmentation de 13,3 % à 24,1 % des consultations chez le pneumologue, accroissement de 14,1 % à 26,1 % de ceux ayant bénéficié d’épreuves fonctionnelles respiratoires. Le Pr Taillé a fait remarquer que "l’adhésion au programme a été globalement basse chez les patients (11,5 %), que l’exposition à celui-ci était, par ailleurs, faible (en moyenne 4 brochures, et 3 newsletters reçues, 25 % de malades sans entretien téléphonique avec une infirmière), et qu’enfin il a sélectionné une population de patients jeunes asthmatiques légers peu symptomatiques. On peut se demander s’il ne faudrait pas pour être plus efficace intensifier le programme avec des appels plus fréquents, le recentrer sur des patients plus sévères, et impliquer les professionnels de santé dans son déroulement", s’est interrogé le Pr Taillé. * Asthma Control Questionnaire ** Global Initiative for Asthma
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