Des paramètres du risque cardiovasculaire ont été identifiés et de nouveaux traitements médicamenteux sont proposés pour réduire les épisodes apnéiques ou améliorer la vigilance.
"La recherche est très active dans le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS)", a indiqué le Pr Renaud Tamisier (CHU de Grenoble). Il est vrai que "cette pathologie encore sous-diagnostiquée, et dont la prévalence continue d’augmenter, représente un fardeau majeur pour la santé publique, avec un nombre de patients adultes estimé autour de 1 milliard dans le monde". Le SAOS est par ailleurs une maladie d’expression hétérogène. "Il sera important de mieux identifier demain les patients à risque cardiovasculaire élevé, et de personnaliser le traitement, qui repose majoritairement actuellement sur la ventilation en pression positive continue, en fonction de la configuration anatomique et de la réactivité musculaire des voies aériennes supérieures, des caractéristiques du sommeil", a souligné le Pr Tamisier. Une analyse récente, fondée sur 2 études de cohorte, The Outcomes of Sleep Disorders in Older Men (MrOS), et the Sleep Heart Health Study (SHHS), ayant respectivement inclus 2743 hommes et 5111 adultes des deux sexes, suggère que la charge hypoxique est un bon paramètre prédictif de mortalité cardiovasculaire dans le SAOS. Le nombre de décès cardiovasculaires était en effet doublé chez les patients se situant dans le quintile supérieur pour ce paramètre (1). Pour évaluer ce risque, il faudrait donc non seulement mesurer le nombre d’épisodes d’apnée-hypopnée sur l’enregistrement polysomnographique, mais aussi apprécier leur durée et leur intensité.
Des pistes de traitements médicamenteux
Pour la première fois, un traitement médicamenteux a aussi démontré une efficacité dans le SAOS (2). Il s’agit d’une combinaison d’atomoxétine, un inhibiteur du transport de la noradrénaline, prescrit dans le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), et d’oxybutynine, un anticholinergique, utilisé dans la prise en charge de l’instabilité vésicale. Cette association semble renforcer l’activité du muscle génioglosse, souvent relâché dans l’apnée obstructive du sommeil, et maintenir l’ouverture des voies respiratoires durant la nuit. Dans une étude sur 20 patients avec un SAOS, réalisée en double aveugle contre placebo, elle a fait chuter de 63 % l’index d’apnées-hypopnées (7,5 événements/h contre 28,5/h en moyenne, p < 0,001) (2). Malgré tout, ces résultats très positifs devront être vérifiés, vu l’effectif limité de l’essai, a reconnu le Dr Tamisier. Curieusement, "aucun des deux médicaments seuls n’est efficace". Deux essais randomisés contre placebo entrepris, chez respectivement 124 et 459 patients, ont aussi conclu à l’efficacité du solriamfétol, un inhibiteur sélectif de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline doté d’une forte activité psychostimulante, pour maintenir la vigilance diurne chez les patients apnéiques somnolents (3,4). "Un problème fréquent et qui peut persister malgré le traitement du SAOS, risquant ainsi de faire perdre leur travail à certains chauffeurs atteints de SAOS", a rapporté le Dr Tamisier. A noter que le solriamfétol est aussi très prometteur pour le traitement de la narcolepsie.
- Azarbarzin A, et al. Eur Heart J. 2018 Oct 30. doi: 10.1093/eurheartj/ehy624
- Taranto-Montemurro L, et al. Am J Respir Crit Care Med. 2018 Nov 5. doi: 10.1164/rccm.201808-1493OC.
- Strollo PJ Jr, et al. Chest. 2018 Nov 22. pii: S0012-3692(18)32732-6. doi: 10.1016/j.chest.2018.11.005
- Schweitzer PK, et al. Am J Respir Crit Care Med. 2018 Dec 6. doi: 10.1164/rccm.201806-1100OC
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